1. Éloge de la fripe coquine


    Datte: 02/04/2020, Catégories: f, Voyeur / Exhib / Nudisme BDSM / Fétichisme Auteur: Laure Topigne, Source: Revebebe

    Un bas rosâtre, orné de coins d’or, à la jambe,Comme un souvenir est resté ;La jarretière, ainsi qu’un œil secret qui flambe,Darde un regard diamanté.
    
    Charles Baudelaire - Les fleurs du mal
    
    Une martyre - dessin d’un maître inconnu CX
    
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    Elle vient, ce soir de retrouver celui qu’elle appelle sonamant de cœur, qui s’est absenté plusieurs mois. Ils ont chaudement et dignement fêté ce retour qu’il veut maintenant, selon leur coutume, commémorer par un cadeau.
    
    Le paquet qu’il lui tend est impressionnant, énorme et majestueux. Il laisse présager une folie de la plus dispendieuse espèce car s’il arrive aux artisans de l’apparat de se fourvoyer dans leur production, il est rare qu’ils se trompent sur son conditionnement lequel, avec insolence et éclat clame la noblesse de son contenu.
    
    En s’en emparant, elle ne peut réprimer le petit frisson que lui procure habituellement le contact avec la peau des pêches ou des textures analogues. Celui-ci n’est en rien désagréable mais crée une sensation insolite en combinant un velouté moelleux et délicat avec un duveteux qui semble être adhésif et vous accroche par des milliers de barbules invisibles. La boîte est trop légère et surtout trop volumineuse pour receler un bijou et elle se hâte d’en déchirer l’emballage pour assouvir ses curiosités. Du cœur d’un cocon de papiers ouatés, elle exhume finalement un ensemble complet de la plus fine lingerie. Tout y figure : une guêpière et la culotte assortie ...
    ... de couleur bleu nuit, rehaussée de noir et sobrement ornée de ganses pourpres, accompagnée de bas à couture anthracite. Une paire d’escarpins lustrés aux talons vertigineux complète la composition.
    
    Elle raffole des sous-vêtements somptueux et les accumule à profusion avec tant d’engouement que certains n’ont qu’à peine été étrennés. Depuis toujours, elle les collectionne avec avidité, presque à la manière dont d’autres amassent bagues ou colliers, voire les timbres-poste. Toujours n’est peut-être pas le mot adéquat car chez ses parents, de condition très modeste, on n’accordait guère d’attention à ces babioles du temps de son adolescence. Ce fut pour ses dix-huit ans que sa tante et marraine, femme fortunée et très libre d’esprit bien que nullement libertine, l’introduisit à ce monde futile en lui offrant sa première parure de luxe. Elle avait déballé et donc exposé ce cadeau devant toute la famille assemblée en ce jour de fête. Sa stupeur n’avait eu d’égal que sa joie… et sa gêne ! Rien n’aurait pu la surprendre ou la ravir davantage, et de saisissement elle s’était incendiée jusqu’à se faire écarlate. Elle ne sut jamais si ce fut d’émoi, de confusion ou de bonheur, mais plus vraisemblablement d’une association exquise de toutes ces émotions.
    
    Cet hommage qui l’élevait au rang d’adulte et de dame, qui reléguait ses slips et soutiens-gorge en coton blanc au plus profond des tiroirs, lui causait plus de jubilation qu’un riche joyau et plus de fierté que des atours de vison ...
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