A l'aube du bouleversement
Datte: 01/04/2020,
Catégories:
fh,
caférestau,
amour,
volupté,
cérébral,
revede,
Auteur: Minimoi, Source: Revebebe
L’histoire que je m’apprête à vous raconter est une histoire d’amour, elle est née par hasard, venue de nulle part, elle s’est forgée dans la volupté, le plaisir d’aimer et de partager ce que les corps ont de plus secret.
Pour ma génération, chatter est devenue une activité aussi naturelle que sortir, partir en vacances ou aller au ciné. Un soir d’avril, j’invite une fille à une discussion privée, le ton est léger, nous nous révélons nos petites habitudes, nos goûts en tout. Les phrases s’enchaînent comme autant de bouffées d’air frais, nous nous épargnons les questions qui fâchent : « As-tu un petit ami ? Que recherches tu ici et dans la vie ? ». À vrai dire, nous recherchons à la fois rien et un peu tout.
Nous sommes tous les deux de Paris, je lui parle de la belette, un petit bar branché tout prêt de mon bureau, où j’ai l’habitude de me rendre avec des amis. Elle me parle de son petit penchant pour les pubs, leur ambiance chargée de fumée et de conversations assourdissantes, le besoin de proximité si l’on veut discuter, chuchoter. Je lui réponds que la belette serait sûrement l’endroit de ses rêves, je l’y invite sur un ton plus taquin que sérieux. Elle accepte. Je suis un peu sous le choc, je ne pensais pas aller plus loin que ces quelques minutes de conversation qui me convenaient à la perfection.
Je n’inscris plus un mot sur l’écran. Après ce silence électronique, gênant mais emprunt d’une intensité que je ne peux ni décrire ni m’expliquer, elle m’envoie un ...
... message à la fois bougon et merveilleusement mutin. Je lui réponds, faussement grave pour rester dans le ton, que j’ai peur de ne pas être à la hauteur de notre conversation, que la magie de nos quelques phrases ne mérite pas d’être brisée. Pour seule réponse, je reçois :
« Demain à 18h30 à la belette, envoie-moi une photo à cette adresse (que je ne vous révèlerait pour rien au monde) pour que je te reconnaisse. Ne t’inquiète pas pour la magie, je saurai l’entretenir pour deux. Bisous, Anna».
Le temps de finir de lire, elle était déconnectée.
Inutile de vous décrire le temps qui m’a séparé cette rencontre, je ne me souviens que de l’étrange sensation d’excitation qui me rongeait, un sentiment d’irréalité qui habite chacun d’entre nous quand l’intuition vous annonce un peu de bonheur.
Je suis arrivé à la Belette vers 18h20, malheureusement accompagné de plusieurs collègues, ce qui ne relevait pas de mon choix, évidemment… Nous sommes au bar, une bière en main et je suis stressé, stressé de passer à côté d’une belle et indispensable rencontre, la légèreté de notre discussion de la veille s’étant évanouie dès qu’elle m’avait invité. J’essaie d’imaginer Anna mais n’y parvient pas vraiment. Je ne peux pas me détacher du sentiment troublant qu’elle m’a donné en quelques minutes de discussion. Les choses qui m’entourent n’ont pas prise sur moi, je me laisse bercer par mon anxiété et mon envie d’accélérer le temps. Avec le recul, tout ceci n’était qu’une douce et magnifique ...