Une vie
Datte: 21/03/2020,
Catégories:
fh,
poilu(e)s,
campagne,
anniversai,
amour,
strip,
ffontaine,
Oral
pénétratio,
confession,
nostalgie,
Humour
Auteur: Radagast, Source: Revebebe
Livre 1
Toute la famille s’active dans le jardin ; mes enfants, aidés de mes petits-enfants, mènent un joyeux raffut. Ma chère et tendre épouse ne doit pas traîner bien loin, bien que l’ordre nous ait pourtant été donné de regarder mais de ne pas nous mêler à cette agitation.
Assis sous la tonnelle, je contemple ce petit monde s’ébattre dans la pelouse. Nos neuf petits-enfants, de 5 à 20 ans, viennent de déclencher une féroce bataille d’eau. Bombes, bouteilles, seaux, tuyaux, tout y passe ; le soleil tape encore très fort en cette fin d’après-midi dans notre petit village d’Ardèche.
Mes deux filles et deux belles-filles dressent la table ; mes fils et mes gendres aident le traiteur à installer les plats sous un petit chapiteau, le tout agrémenté de rires et de plaisanteries. Les belles-familles respectives arrivent en un groupe compact, les bras chargés de fleurs, de bouteilles de vin et de confiseries diverses et variées, arrivée ponctuée de cris de joie et d’embrassades.
Il faut dire que nous ne vivons pas une journée ordinaire : nous fêtons en même temps mes 70 ans et nos quarante ans de mariage.
Hier déjà, le maire est venu nous voir avec le Conseil municipal au grand complet, des amis et d’anciens collègues pour nous décerner la médaille d’honneur de la commune. De beaux discours furent ânonnés ; dans quelques jours notre photo ornera le journal.
Nous en avons profité pour boire un coup, même deux.
Aujourd’hui, la fête est strictement familiale. ...
... Quarante années, ce n’est pas rien comme on dit de par chez nous, surtout de nos jours où des unions ne durent que le temps d’un été.
Ma chérie dépose un baiser sur mon front et me passe les bras autour du cou. Je ne l’ai pas entendue approcher. Mes tympans se font vieux, à moins que le vacarme ambiant n’atteigne son paroxysme.
— Ils sont beaux, nos enfants…
— Je ne suis pas mécontent ; nous avons bien travaillé.
— Grand-Pounet, Grand-Mounette, toujours à vous embrasser !
Mélodie, la plus grande de nos petites-filles, vient nous tirer de notre rêverie ; elle est trempée de la tête aux pieds, essoufflée et souriante.
— J’aimerais bien avoir un amoureux à bécoter moi aussi.
— Ne t’en fais pas, ma chérie, ça viendra. Lorsque ton Grand-Pounet m’a envoûtée, j’étais plus vieille que toi !
— Vous ne m’avez jamais parlé de votre rencontre, au fait.
— C’est une trop longue histoire.
Elle fronce les sourcils, faussement irritée.
Je sais que je ne vais pas m’en tirer par une simple pirouette, d’autant plus que je manque de souplesse !
— Et puis nous devrions raconter des choses que l’on ne peut dire à une jeune fille, surtout à notre petite-fille.
— Vous oubliez que j’ai 20 ans et que je fais médecine : j’en entends des vertes et des pas mûres à longueur de journée. D’ailleurs, je voudrais me spécialiser en gynécologie.
— C’est bon ; vas-y, mon chéri, on peut lui raconter : il y a prescription maintenant.
— Bien, assieds-toi. Ça risque d’être long. Je dois ...