Colis piégés
Datte: 31/03/2018,
Catégories:
ff,
fplusag,
Oral
Lesbienne
Auteur: Sarah, Source: Revebebe
... observe. Que c’est moche ces uniformes de la poste. Ces vestes larges, ce bleu foncé et ce jaune ! Et puis ces pantalons bouffants, informes, difformes. Et ces grosses chaussures, quel intérêt ? Il n’y a que la casquette qui trouve grâce aux yeux de Zoé. Ça lui va bien à cette gamine, ça lui ajoute une touche d’espièglerie.
Samedi. Encore un colis. Juliette la charrie :
— Tu achètes toute ta déco par correspondance ? Ou alors c’est ta robe que tu fais venir en pièces détachées ?
Éclat de rire, mais là encore, Zoé se crispe, visage fermé en un instant.
— Un souci ? ose enfin Juliette. Il te manque des colis ?
— Non, rien à voir. Non, mais ça va, t’inquiète pas, tente Zoé pas convaincante.
— C’est dans quinze jours, la noce ?
— Oui…
Pas d’enthousiasme dans la voix.
— C’est la pression qui monte, ça va aller. Je suis sûre que vous allez faire un beau mariage toutes les deux.
— Non, c’est la merde, y’a rien qui vaaaaaa…
Crise de larmes, sanglots, tout y passe. Juliette la prend dans ses bras, la laisse vider son sac. Les préparatifs en retard, les familles qui mettent leur grain de sel, la tension entre elle et Lucie, des disputes tous les jours, envie d’annuler. Puis, elle se calme peu à peu, reprend ses esprits, s’essuie les yeux, se mouche.
— Désolée.
— Pas de problème, dit Juliette qui tarde à retrouver sa joie habituelle.
— Merci, ça fait du bien.
— Normal, répond Juliette qui tarde à retrouver son bagout.
— Tu veux t’asseoir cinq minutes, ...
... boire un verre ?
— Toujours pas, non, ma tournée…
— Je comprends.
— Au revoir.
Déjà Juliette la salue, lui tourne le dos. Impulsion subite, dernière chance. Zoé fait deux pas sur le palier, tend le bras, attrape la main de Juliette qui se retourne, surprise. Zoé la tire à elle et dépose un court baiser à la commissure des lèvres de la petite factrice.
— Merci, dit encore Zoé.
Samedi. Zoé attend derrière la porte. Samedi, une heure de retard. Zoé tourne en rond fiévreusement dans son salon. Samedi, deux heures de retard. Zoé s’inquiète, Zoé s’en veut. Juliette est malade ? Juliette est choquée ? Samedi, on sonne. Zoé court à la porte, ouvre vite.
— Salut !
Grands sourires. Juliette.
— J’ai modifié ma tournée aujourd’hui, pour finir ici. Dernier samedi avant le grand rendez-vous ! Faut fêter ça !
Bouteille de champagne.
— Entre.
— Désolée si je t’ai inquiétée.
— Non, non, ça va…
Regard rapide dans le miroir à l’entrée. Le visage rouge, les traits tirés. Pas la peine de mentir.
— Enfin, je vois ton chez-toi ! C’est très bien décoré, j’aime beaucoup.
— C’est Lucie, c’est son métier. Moi, je n’ai aucun goût pour ça. Assieds-toi.
Sur le canapé, Juliette enlève sa veste très laide et sa casquette. Longue crinière blonde qui tombe en cascade sur ses épaules.
— Oh, tu as les cheveux longs, en fait ! Pourquoi tu les caches ?
— Ma première semaine de travail, il a plu, j’ai pris l’habitude de les mettre ainsi pour ne pas les mouiller. Tu ouvres la ...