1. Natasha & Franck (27)


    Datte: 05/03/2020, Catégories: Transexuels Auteur: Doogy Woogy, Source: Xstory

    Une terrible douleur me fendait le crâne en deux, équivalente à une bouteille de vodka. Force dix sur l’échelle de Soulôt. C’est peu, finalement, une bouteille, mais la vodka n’a jamais été une de mes grandes amies. Les sensations étaient cependant très proches : une diction qui s’écoulait tel un torrent de montagne. Le débit n’était pas tant rapide, mais tout aussi chaotique, bondissant d’un rocher à l’autre ; les mots s’écrasaient de bloc de granit en bloc de granit. Qu’on ne comprenne pas ce que je disais m’énervait, jusqu’à ce que je réalise que c’était à moi-même que je m’adressais.
    
    Depuis quelques minutes je tentais en vain de rassembler mes souvenirs « éparpillés par petits bouts façon puzzle », mais je peinais à sortir de ma torpeur. J’entendais quelqu’un parler. Voix féminine. Ou pas. La voix semblait sortir d’une bande magnétique qui tournait irrégulièrement. J’avais du mal à définir si la voix était féminine car la bande ralentissait, descendant ainsi dans les graves, ou si, au contraire, la voix était masculine et l’accélération la rendait aigüe. Elle montait parfois si haut que j’avais l’impression que Donald Duck s’adressait à moi. Puis il laissait la place à un troll à la bouche pleine de chamallows.
    
    Voilà, je parvenais enfin à ouvrir les yeux de manière cohérente. Quoique cohérente fût un bien grand mot. Au moins, ma vision n’était plus stroboscopique, suite de flashs éveillés entrecoupés de trous noirs.
    
    Assise à côté du lit, une femme rousse ...
    ... feuilletait une revue pour faire passer le temps. Il y était question de voyages et la couverture montrait une photo d’un désert américain avec ses cactus caractéristiques. Constatant mon réveil, elle se pencha vers moi mais parut se déplacer au ralenti. Ma vue était tout aussi perturbée que mon ouïe. Plus elle se penchait, plus sa poitrine prenait de l’ampleur ; je me demandais s’il y aurait une limite. Sa poitrine frôlait le 120 sans pour autant risquer l’explosion. Par contre, pour le bonnet… impossible à définir. D’ailleurs, à de niveau-là, on ne pouvait plus parler de bonnets mais plutôt de sombreros ! À l’inverse, son tour de taille, lui, rétrécissait.
    
    ─ On dirait une fille dessinée par Maester dans « Fluide Glacial », lançai-je, hilare.
    
    ─ Il est en plein délire !
    
    Une infirmière se pencha vers moi. Comment savais-je que c’était une infirmière ? Elle était tout de blanc vêtue : aucune des filles que je côtoyais depuis quelque temps ne s’habillait de la sorte. Ce devait être elle qui parlait avec cette voix à vitesse variable. Oui, je voyais ses lèvres bouger. Ses lèvres… quelles lèvres ! Elles étaient pulpeuses, presque énormes. On aurait dit qu’elle voulait m’avaler, tellement sa bouche semblait immense. Elle aussi, plus elle se penchait vers moi, plus sa poitrine grossissait. À croire que je me trouvais dans un film de Russ Meyer !
    
    La femme en blanc tourna la tête vers la rousse. Elle devait lui expliquer quelque chose, mais je ne comprenais toujours rien. Ainsi, ...
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