La transgression
Datte: 15/02/2020,
Catégories:
fh,
extracon,
copains,
bizarre,
hotel,
dispute,
revede,
pénétratio,
fsodo,
nostalgie,
portrait,
Auteur: Lignière, Source: Revebebe
... d’humour des anecdotes vécues dans son travail. Annick avait un caractère plus extraverti, on devinait chez elle une tendance autoritaire. Elle n’était pas vilaine, un petit nez retroussé qu’elle grattait souvent d’un geste familier, des cheveux mi-courts déjà parcourus par quelques filaments argentés, des yeux sombres et vifs, des hanches un peu évasées et une poitrine plutôt menue. Plus tard, j’avais appris qu’ils formaient une famille très croyante et très pratiquante. Elle-même assurait chaque semaine la catéchèse pour les jeunes enfants qui préparaient leur première communion.
Pour la première année à ma fonction de trésorier, j’avais été particulièrement gâté. Il nous avait fallu assurer la gestion au quotidien mais surtout trouver le financement pour assurer la rénovation des classes qui, pour la plupart, étaient dans un état déplorable. Nous avions obtenu du Conseil Diocésain l’autorisation de vendre un terrain et pour cela, il nous avait fallu obtenir mille autorisations, produire autant de justificatifs et tenir presque autant de réunions d’information. Annick et moi nous nous rencontrions chaque semaine deux fois ou plus, le plus souvent chez elle. J’appréciais sa méthode de travail, sa capacité à écouter, à résumer un dossier, à proposer des solutions concrètes. Au sortir de l’université avec un DESS de sciences en poche, elle avait travaillé à la direction de la règlementation du ministère de l’agriculture où son esprit de synthèse avait fait merveille. ...
... Elle m’avait avoué plus tard qu’elle avait eu beaucoup de peine à quitter ce poste pour se marier et suivre son nouvel époux qui avait décidé de s’installer dans une petite bourgade aux marches de la Bretagne.
Au fil du temps, les relations entre nos deux familles s’étaient fortifiées. Nous nous recevions souvent le week-end. À la kermesse du mois de juin, nous avions tenu tous les deux le stand qui avait généré la plus forte recette. Toute la journée, nous avions rivalisé d’habileté et d’éloquence pour alléger nos visiteurs de l’argent dont notre école avait tant besoin. Le soir, nous avions dîné tous ensemble et, en nous quittant, pour la première fois, nous nous étions embrassés. Les relations entre nous étaient restées très formelles, nous nous saluions d’une poignée de main et continuions à nous vouvoyer au grand dam des enfants qui estimaient, à juste titre, cette relation totalement dépassée. Mais aucun de nous n’avait l’ascendant sur les autres pour proposer un contact amical plus simple. Nous étions tous un peu coincés et tout particulièrement Annick qui, sous des allures modernes, était terriblement conformiste. Elle était toujours très strictement habillée, en tailleur ou en jupe dont la longueur dépassait toujours les genoux. Ses chemisiers étaient suffisamment opaques pour cacher ses dessous et le carré de soie qu’elle portait autour du cou masquait son décolleté.
Peu à peu mon regard sur elle avait changé. J’avais commencé à la regarder, non plus comme une ...