Peur et désir
Datte: 25/01/2020,
Catégories:
fh,
fplusag,
extracon,
Collègues / Travail
fépilée,
campagne,
caférestau,
voyage,
intermast,
Oral
fdanus,
Humour
occasion,
Auteur: Pierre Pesgraud, dit P2, Source: Revebebe
... votre famille.
— Partir seule avec mes enfants, mon mari sera toujours d’accord. Il est toujours prêt à payer… C’est pour cela que je pars à Cadaqués, sur la côte catalane espagnole.
— C’est un beau coin…
— Mais seul avec moi, j’en doute. Il me dira qu’il a trop de travail à l’usine et avec son personnel d’encadrement.
— C’est dommage.
Bernadette parle, elle ne veut plus s’arrêter. C’est à une confession très intime à laquelle j’ai droit :
— Quand je demande quelque chose à mon mari, il n’a jamais le temps de m’écouter. Je fais toujours tout, toute seule. Et pourtant je travaille autant que lui à l’usine. Par contre, quand madame Maria Pelosa, la responsable du bobinage, lui demande la moindre chose, là il trouve toujours tout le temps nécessaire.
Je n’ose pas demander à Bernadette si cette Maria Pelosa n’est que la responsable du bobinage pour son époux. Mais comme elle n’attend aucune réponse de ma part, elle poursuit :
— C’est une femme qui sait s’y prendre aussi bien avec les hommes qu’avec les femmes.
— Qu’est-ce que vous entendez par là ?
— Elle est très conciliante avec les hommes, sauf avec son mari qui a divorcé. Elle est très autoritaire avec les femmes qui sont sous ses ordres, et c’est une peste avec les autres femmes.
— Ça alors…
— Mais c’est un des piliers de l’usine de Castres, elle mène son atelier à la baguette, et mon mari est à genoux devant elle.
Elle poursuit par :
— L’herbe est toujours plus verte et plus tendre dans le pré ...
... de la voisine.
Et conclut par :
— Dans la vie il y a des femmes qui savent faire et d’autres qui ne savent pas. Maria sait faire, mais moi visiblement je ne sais pas.
Manifestement, Bernadette vient de me dire tout ce qu’elle a sur le cœur.
— Mais que vous êtes pessimiste ! me vois-je obligé de lui lancer.
— Non ! Pas du tout, Philippe, je suis réaliste.
Cette fois-ci, il n’y a plus photo. Maria Pelosa est la maîtresse du patron, et certainement depuis longtemps. C’est pour cela qu’il éloigne son épouse au maximum. Mais Bernadette a trop de « merde dans les yeux » pour s’en apercevoir… à moins qu’elle se voile la face volontairement pour des raisons de statut social, de « qu’en-dira-t-on » ou autre.
En entrant dans ce restaurant, s’il y a bien une chose à laquelle je ne m’attendais pas de la part de Bernadette, c’est à cette confession, à ce grand déballage. En moins de dix minutes, elle m’a livré toute son intimité et tout ce qu’elle a gardé sur elle depuis si longtemps.
Mon aventure avec Mélanie, qui me fait considérer comme indisponible par lavox populi, me met face à une double évidence. La première est que le patron me confie son épouse en toute confiance, car pendant ce temps-là il a quartier libre avec sa responsable du bobinage, Maria Pelosa. La seconde est que cette même épouse se confie à moi en toute confiance, car elle doit penser que seules les jeunes femmes m’intéressent et que je ne cherche pas à la draguer, ce que visiblement elle aurait ...