Invitation - Histoires de Sexe

Invitation

... enfants, quand elles ne sont pas grands-parents. Lui, il n’a pas d’enfants et ça commence à devenir plus que limite à ses yeux.

Je sonne en bas de son immeuble. Ça va faire bientôt quinze ou vingt ans qu’il habite au même endroit. Il dit qu’il descend. Toujours la même voix. Bientôt, il est en face de moi : toujours la même allure qu’à ses vingt ans, qu’à ses trente ans, avec les tempes grisonnantes en plus. Ce qui n’amoindrit pas son charme latin. Jovial, il lance :

— Alors, vieille branche ! Pas changé ! Sauf quelques cheveux blancs !
— Ah bon, tu crois ? Rigolo, va !
— Eh oui, en huit ans, on change un peu… même moi !

Notre poignée de main est franche, j’ai l’impression de revenir en arrière de presque vingt ans, du temps où nous étions des ados. Il fait trop froid pour rester debout et dehors à discuter longtemps, alors nous nous engouffrons dans mon véhicule à l’habitacle resté chaud. Je mets en route, rien n’a beaucoup changé depuis cette lointaine époque, ni la ville, ni Fabrice.

Dans la voiture, nous causons de tout et de rien, puis la conversation arrive sur Violaine :

— Alors, ça y est, je vais enfin découvrir qui est cette fameuse Violaine ? Depuis le temps que tu m’en causes !
— Oui, oui ! Mais c’est ma Violaine à moi !
— Je ne touche pas aux femmes des amis, tu le sais bien !
— Tu en es bien sûr, Fabrice ?
— Il n’y a eu qu’une seule exception, une seule… et c’est du passé très lointain, non ?
— C’était l’année du BAC, j’ai bien failli ne pas ...

... l’avoir, tellement j’étais déprimé ! Tu savais pourtant que j’y tenais à cette fille, cette Annie !
— Au final, tu l’as eu, ton BAC. C’est même moi qui suis venu de te faire réviser, te sortir de ton apathie ! Et tu te souviens de Géraldine, la rousse qui t’a fait tout oublier ?

Je lui lance un regard en coin :

— Tu me devais bien ça !
— C’était l’année du BAC, c’est fini, la page est tournée. Et puis, toi et moi, le BAC, c’est derrière nous. Ce fut l’exception qui confirma la règle. Et puis, franchement, tu l’as échappé belle avec cette nana, ton Annie, elle t’aurait rendu finalement malheureux, tellement elle était inconstante !
— Oui, oui, oui… Facile à dire…
— Oh, râle pas ! Je te promets sur tout ce que tu veux de ne pas venir te piquer ta petite amie lors du BAC, OK ?
— Pfff, crétin !

Impassible, il continue :

— Cela dit, je me demande bien qui peut être cette fameuse Violaine pour qu’elle monopolise mon copain Matthias depuis ces dernières années ! Et puis quelle idée d’aller se marier à l’autre bout du pays !
— Je suis parti pour cause de travail : une promo, de celles qu’on ne refuse pas. Et puis, à l’époque, je devais changer d’air après mon divorce…
— Un sacré numéro, ton ex !
— Je préfère ne pas en parler. Je reconnais qu’avec Violaine, nous nous sommes repliés sur nous-mêmes, profitant égoïstement l’un de l’autre. Son précédent mariage n’a pas été pour elle une franche réussite…
— Le tien non plus, si j’ai bon souvenir… Je comprends que vous ...