Pont entre générations - Histoires de Sexe

Pont entre générations

... c’est par une voie bien sinueuse que j’ai réussi.
— Martine, j’ai trop bu ; je suis prêt à tout entendre, et sûrement demain je vais avoir oublié vos confidences. Et puis vous n’avez tué personne ! Enfin j’imagine. En plus, il y a prescription…
— Oui, prescription. Et c’est bien dommage…
— Je vous écoute. Je ne bougerai pas de ce fauteuil.
— Bon, d’accord. J’ai trompé mon mari.
— Et c’est cela que vous appelez « une voie sinueuse » ?
— Pas seulement. Je me suis arrangée pour qu’il le sache.
— Bien sûr, sinon ce n’était pas une vraie vengeance. Mais c’est bien banal !
— Oui, mais je m’arrangeais pour qu’il me surprenne.
— C’est déjà mieux. Et comment il a réagi ?
— Rien. Il n’a rien fait. Pourtant j’étais certaine qu’il nous avait vus.
— Ah ! Cela devait être frustrant pour vous.
— Très. Alors j’ai forcé le trait et franchi certaines barrières.
— Des barrières ?
— Oui. Déjà celle des sexes. Je l’ai donc trompée avec une femme.
— Waouh ! Et alors ?
— Rien, toujours rien.
— Étonnant.
— Aussi je me suis arrangée pour qu’il me découvre avec deux hommes.
— Deux hommes ? En même temps ?
— Oui, en même temps.
— Mais vous aviez déjà fait cela ?
— Jamais. Pas plus qu’avec une femme. Mais je voulais le faire réagir et j’étais prête à tout.
— Quel sacrifice…
— Je sens une pointe d’ironie dans ta remarque. Non, pas vraiment un sacrifice, du moins une fois la décision prise. Après…
— Quoi, après ?
— C’est trop intime.
— Et votre mari dans tout cela ?
— Il a ...

... bien fallu qu’on parle.
— Parce que pendant tout ce temps, vous n’abordiez pas le sujet ?
— Non. Tu sais, nous sommes d’une génération qui ne parlait pas beaucoup de sentiments, et encore moins de sexualité.
— Tout de même, vous couchiez avec des hommes sous ses yeux, et il ne disait rien ?
— Il ne disait rien, parce qu’il appréciait.
— Il appréciait que vous le cocufiiez ?
— Oui. Tu sais, c’est plus fréquent qu’on ne croit. Il a découvert qu’il aimait me voir avec d’autres, hommes ou femmes.
— Je comprends… dit, pensif, Hugo à qui revient en mémoire le couple avec l’homme dominé.
— Voilà donc le chemin sinueux dont je te parlais. Après cette révélation, tout a changé dans notre vie sexuelle ; mon mari et moi sommes devenus échangistes. Depuis ce jour-là, nous avons tout essayé, mais toujours ensemble, jamais l’un sans l’autre. Le plaisir était autant dans l’acte que dans le regard de l’autre.
— Jamais je ne vous aurais imaginée…
— Tu vois, déjà tu me regardes autrement. Bientôt tu vas me mépriser.
— Cela suffit.

Est-ce l’alcool ? Mais Hugo se sent sur un pied d’égalité avec Martine. Ce n’est plus sa logeuse, une femme plus âgée que lui, mais une femme comme une autre. Il reprend :

— Mais oui, je vous regarde différemment. Mais cela ne vient pas de vos confidences ; cela fait des jours que je me sens troublé par votre présence. Des jours que je guette à la dérobée un carré de peau découvert, un lobe de sein qui se révèle, vos fesses qui déforment le short qui ...