Trahisons, ou le Retour de la Grande (12)
Datte: 19/01/2020,
Catégories:
Trash,
Auteur: simson3, Source: Xstory
... faites, toutes les deux... fit-elle en amorçant la conversation...
— Quoi, qu’est-ce qu’on fait ? demanda Sophie entre deux bouchées.
— Bien, vous regarder comme ça, jouer des yeux comme vous faites, abandonner votre ustensile pour empêcher l’autre de saisir le sien, ça fait partie de ‘l’amour’ tout ça ?
— Ben oui ! intervint Alicia. C’est tout simple comme ça. Pas besoin de se parler.
— Je comprends vraiment pas. C’est de la télépathie ?
— Si on veut, reprit Sophie. On a souvent les mêmes pensées en tête, et au même moment.
— C’est quoi pour vous, l’amour ? leur demanda-t-elle finalement. Une pensée ? Un état d’esprit ?
— C’est un sentiment qui fait qu’on se soucie du bien-être de la personne aimée, répondit Alicia. C’est quelque chose qui fait partager spontanément les joies et les peines. Ça nous induit le désir de toujours rester en présence de l’autre. C’est un sentiment qui ne se décrit pas, mais qui se vit, tout simplement.
— Jamais rien compris là-dedans, fit l’autre, sèchement. Le bonheur, je crois qu’il se trouve d’abord dans la recherche des satisfactions personnelles, du plaisir intime et physique. C’est déjà assez difficile de chercher le bonheur des autres quand on peine à trouver le sien !
Un silence se fit. À la fois admirative et envieuse, et sans doute aussi à cause de l’atmosphère laiteuse régnant autour des deux amoureuses, Evnika ouvrit de nouveau la bouche, cette fois non pour exprimer ses pensées logiques, mais pour permettre ...
... à un cœur trop longtemps enfermé de se laisser enfin aller à la confidence.
— Je ne suis pas heureuse, bien que votre présence ce soir me réconforte. Je sais que le bonheur existe car je le vois en vous. Vous semblez heureuses et vous l’êtes probablement. Ce que vous avez, je veux l’avoir également.
D’une voix presque éteinte, elle laissa tomber :
— Je..., j’ai besoin d’aide. Je ne sais pas qui peut m’aider. Je ne sais plus. Toute cette longue quête... ces déceptions, ces échecs. Je n’atteins pas le bonheur, je ne le vois même pas au loin. C’est à peine si je perçois aujourd’hui quelque plaisir dans mes activités.
Elle soupira, puis reprit :
— Et tout ça s’est empiré depuis la mort de ma sœur. Sans pouvoir dire pourquoi, je ressens un grand vide depuis qu’elle nous a quittées.
Les deux amoureuses la regardaient maintenant, silencieuses et attentives.
— Je dois vous ennuyer, vous deux, avec mon discours d’introvertie frustrée.
— Au contraire ! répondit doucement Sophie. Tu peux te confier à nous si ça te fait du bien.
Cette porte qui s’ouvrait maintenant à elle représentait une exceptionnelle et irrésistible invitation à épancher son âme. Pour Evnika, c’était une bouée de sauvetage jetée à ses côtés dans une mer agitée. Il n’était pas question de louper cette occasion et elle entreprit sans plus tarder son récit.
— J’ai connu une enfance bizarre. Pas nécessairement malheureuse, mais bizarre. Ma sœur jumelle Olga et moi étions les seules enfants de ...