1. Temps de Paix


    Datte: 18/01/2020, Catégories: f, h, Auteur: Jane Does, Source: Revebebe

    Résumé épisode X : «La traversée de Paris »
    
    Un moyen efficace de se mettre à l’abri pour voyager ? Et les choses qui évoluent favorablement pour tous.(Voir les résumés des premiers épisodes en fin de récit.)
    
    La flambée de violence qui s’abattait sur la ville et la France semblait ne jamais avoir de fin. Incroyable le nombre de gens qui d’un coup sortait de l’ombre en arborant un brassard marqué de trois lettres vengeresses distinctives. Mais partout les voitures blindées de nos occupants allaient et venaient avec ici et là d’innombrables coups de feu qui visaient les soldats de plus en plus hargneux. Cette fois la guerre était dans nos murs. Je ne sortais plus de chez moi. Je n’allais même plus voir Gertrude ou Madame. De peur d’être prise pour cible par ces enragés qui voulaient montrer leur bravoure.
    
    Entre le 19 et le 25 août de cette année 44, la couleur des uniformes changeait. Je ne fêtai pas mon anniversaire, inutile de le dire. Nos troupes alliées étaient de retour et c’était des blindés français qui étaient venus en premier fouler les rues parisiennes. En rentrant chez moi, quelques jours plus tard, je rencontrai par hasard mon amie Adèle qui, elle aussi, était venue se réfugier dans la capitale avec son compagnon l’horloger. Heureuse de la revoir, je me précipitai vers elle. Sa réaction me fit comprendre que cette joie n’était pas partagée.
    
    Et comme elle se trouvait dans un groupe d’inconnus, je la vis tout d’abord pâlir, puis se mettre à vociférer des ...
    ... méchancetés à mon endroit. Complètement abasourdie, je n’écoutais rien de ce qu’elle hurlait.
    
    — Qu’est-ce que tu veux ? Toi qui as couché avec nos ennemis. Mes amis, je vous présente Charlotte, une salope qui baisait avec les boches. Un officier au moins et je l’ai vu le draguer. C’était chez « la mère Catherine ».
    — Mais…
    — Ah, tu fais moins la fière maintenant, hein ! C’était bon de te faire tringler par un boche ? Sale chienne, va ! Nous devrions la tondre, la rouler dans le goudron et lui coller des plumes…
    
    Elle haranguait les autres avec ses cris malveillants. Je voulais tourner les talons pour m’enfuir, mais un groupe de femmes m’encercla rapidement et je pris quelques baffes au passage. Puis des injures, des crachats, et pour finir, je fus traînée sur la place où quelqu’un apporta une chaise. On m’obligeait alors à y prendre place en me frappant. Une grosse femme à la trogne rougeaude s’approcha et m’arracha mon corsage. En soutien-gorge devant cette foule qui m’injuriait, je n’avais plus mon mot à dire.
    
    Ensuite ce fut Adèle elle-même, qui armée d’une paire de ciseaux me prit une touffe de cheveux et commença à me raser la tête. Je ne voulais pas baisser les yeux, et je me retins de pleurer. La folle s’obstinait et je me voyais déjà tondue quand deux têtes m’apparurent dans cette foule vindicative. Celles de Geneviève et de Monsieur Charles. Je crois que jamais des visages ne pourraient me faire plus plaisir. Et un coup de feu fut tiré en l’air, stoppant d’un ...
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