Poissine
Datte: 06/01/2020,
Catégories:
h,
fh,
amour,
cérébral,
revede,
odeurs,
Masturbation
69,
Auteur: Olaf, Source: Revebebe
Un jour, sans trop savoir pourquoi, on se dit qu’au même moment d’autres le font aussi. À leur manière. D’où l’idée de réunir quelques textes sur ce rituel immémorial, en jouant sur les phrases qui se répètent, les mots qui changent de sens en fonction du contexte, les gestes tantôt sublimes tantôt abjects suivant les sentiments qui les accompagnent. Alors, finalement, solitaire le plaisir ?
Une fois de plus, il a travaillé tard à son bureau. Il ne se sent pourtant pas assez anesthésié pour rejoindre le lit conjugal. S’arrêtant à mi-chemin dans la chambre de télévision, il va s’allonger sur le matelas que le chien vient de quitter. C’est devenu un rituel pour le petit bâtard hirsute, qui cède sa place au moment où il entend l’homme éteindre l’ordinateur.
Des images sans intérêt défilent devant ses yeux. Il zappe plusieurs fois, avant de sombrer dans le sommeil. Le sifflement de la fin de l’émission le réveille. D’un pas mal assuré, assommé de fatigue, il pénètre sans bruit dans la salle de bains, se déshabille, exécute sommairement quelques ablutions. À quoi bon en faire plus, celle qu’il va côtoyer ne l’approche plus d’assez près pour s’en incommoder.
Dans le noir, il bute sur les sacs d’école des enfants. Il y a longtemps qu’il n’est plus au courant de leurs habitudes, que ses trajets ne correspondent plus aux voies de la vie familiale.
Discrètement, il se glisse sous le duvet sans faire tanguer le matelas pour éviter de réveiller celle qui dort. Il étend son ...
... corps bien au bord du lit, le dos tourné contre elle, de manière à ne pas l’entendre respirer, ni la sentir trop proche de lui.
Pourtant cette nuit, le stratagème ne suffit pas. Quelque chose le maintient éveillé plus longtemps que prévu. Il ne peut s’empêcher de chercher à quand remonte en fait leur désunion, dont cette ligne de démarcation tacite dans le lit conjugal est la preuve flagrante. De tristes épisodes de leur vie de couple lui reviennent, un sanglot gonfle dans sa poitrine.
Il se retourne d’un côté et de l’autre, pour tenter de remédier à l’engourdissement de ses membres. Rien n’y fait, plus il laisse vagabonder son esprit, plus l’énervement le gagne. Puis la rage. Rage de se forcer depuis si longtemps à dormir à côté d’une femme pour laquelle il n’éprouve plus rien, rage d’accepter depuis des mois sans réagir de calmer seul ses envies, rage de continuer à s’empêcher de vivre autre chose qu’un simulacre de relation.
Les minutes sont si longues pendant ces nuits de frustration. Tout son corps est habité par le bouillonnement de ses sentiments. Il lui semble que le sanglot bloqué au fond de lui fait progressivement place à une autre sensation. Très diffuse, mais qui pourrait bien ressembler à un début de désir.
Désir de qui ? Cela paraît si déplacé, alors qu’il n’éprouve plus rien pour la mère de ses enfants.
Après les instants passionnés du début, la routine s’était vite emparée de leur relation. Systématiquement commencés par quelques préliminaires ...