1. Périple


    Datte: 09/12/2019, Catégories: fh, couple, cérébral, Masturbation pénétratio, portrait, amourpass, Auteur: Tito40, Source: Revebebe

    On ne voit ça qu’ici. Un croisement de deux routes, quatre stops. Je me demande ce que dit la réglementation locale. Qui passe le premier s’il y a quatre véhicules qui se présentent en même temps ? Est-ce le plus gros ou le plus petit ? La priorité à droite aurait du mal à s’appliquer, puisque chacun ayant quelqu’un d’autre à sa droite et devant donc lui laisser le passage, on risque de rester là longtemps.
    
    Heureusement qu’il y a ce genre de questions qui m’occupe l’esprit, ça m’évite de me redemander pourquoi j’insiste. Après tout, j’aurais pu rester en France, bosser, rencontrer quelqu’un d’autre, oublier, vivre simplement.
    
    Et puis là, dans l’instant, il faut non seulement que je décide si je vais passer avant ou après la voiture rouge qui se trouve à ma gauche, mais aussi si je tourne à droite, à gauche ou pas du tout.
    
    À chaque fois qu’on décide de changer de direction, on fait un vrai choix. Aller à droit suppose qu’on renonce d’abord à aller ailleurs. Choisir, c’est renoncer. On peut aussi décider de ne pas changer de direction. Décider de rien, ne rien faire, en somme, c’est aussi un choix. Mais c’est un choix qui suppose, en l’occurrence, de ne choisir d’aller ni à gauche ni à droite, donc, aussi, de renoncer.
    
    Renoncer ce n’est pas ce que je sais faire de mieux. Depuis que j’ai quitté Santa Barbara pour me diriger vers le nord, je sens pourtant la nervosité s’installer. J’ai suivi sa trace depuis la côte est, allant deDiners enMotels avec sa photo. Des ...
    ... milliers de kilomètres qu’elle a elle-même parcourus avec son camping-car de luxe et sa bande de dégénérés.
    
    Quand Marie m’a annoncé qu’elle voulait faire un « break », j’étais moi-même dans une phase de grands doutes, une période de déprime. Je rentrais le soir un peu à reculons, et la voir me faire la gueule en franchissant la porte de notre appartement luxueux du 8e ajoutait à mon mal-être. Ça faisait sept ans que nous vivions ensemble dans un environnement on ne peut plus privilégié. On fréquentait les endroits les plus courus de Paris, dînions dans les meilleurs restaurants, et étions régulièrement installés dans les espaces VIP des stades ou des salles de concert grâce à mes relations. Nous ne côtoyions que du « beau monde » policé, établi socialement, influent et ouvert sur le monde.
    
    Oui, mais voilà. Ce que Marie trouvait génial dans « mon » monde lorsque nous nous étions rencontrés par hasard, elle avait fini par le détester. Il est vrai que dans « mon » monde, on fait attention à ce qu’on dit, attention à ce qu’on montre, attention à ce qu’on mange, attention à ce qu’on lit, attention à ce qu’on pense, même, c’est vous dire.
    
    La rencontre de la grande bourgeoisie et du « peuple » peut créer des merveilles improbables, mais aussi des traumatismes irréparables. Nous nous aimons. Ou plutôt, devrais-je dire, nous nous aimions éperdument. J’étais amoureux d’elle, mais aussi de sa différence. Elle ne faisait rien comme les autres. Dans « mon » monde, les filles sont ...
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