1. Récits érotiques de la mythologie (16). Les sirènes et le pouvoir de la séduction


    Datte: 01/11/2019, Catégories: A dormir debout, Auteur: Olga T, Source: Hds

    ... proie à un conflit intérieur qu’elles ne pouvaient résoudre.
    
    Au Moyen-Age, cette femme, pourvue d’écailles et qui exhibe ses attraits, se retrouve aux côtés du serpent biblique, donc du Diable.
    
    LES ENCHANTERESSES
    
    J’ai lu, sur le mythe des sirènes, deux analyses auxquelles je souscris et dont je vais résumer la substance.
    
    Il s’agit d’abord de l’analyse de Sarah Bocelli dans son article « Mythes, légendes et femmes : pour une réhabilitation de la Sirène » (voir le lien ci-dessous pour lire l’intégralité de l’article)
    
    « Les chansons qui séduisent les marins seraient en réalité fatales dans le sens où elles délivrent une vérité trop grande pour être acceptée par le commun des mortels sans rendre fou. Le fameux chant de la sirène est dangereux, pour l’esprit, comme pour le corps. Et Ulysse, qui pense à un stratagème pour y résister, pourrait bien être reparti plus sage de l’épreuve initiatique par excellence.
    
    Fascinante, la sirène a également pris une dimension érotique. Il n’était pas vraiment précisé que la sirène était une femme d’une grande beauté : c’est son chant ou ses paroles qui la rendaient irrésistible. Les sirènes se sont vues utilisées comme des métaphores au désir charnel et à la luxure, et, étant une créature diabolique, à la tromperie.
    
    Le raccourci était facile pour la morale dominante : fascination = tentation = Diable = MAL. Les représentations médiévales des sirènes les montrent souvent avec les attributs de la prostituée : le peigne, le ...
    ... miroir, et la longue chevelure ondoyante, libre et non coiffée.
    
    Alors, la sirène, monstre marin diabolique, ou femme fatale diabolisée au même titre que la sorcière pour son savoir ? Ou peut-être un peu des deux… Après tout, raisonner ainsi pour un mythe aussi vieux revient à essayer d’appréhender une perception du monde antique sous la seule perspective, en l’occurrence trop manichéenne, de la tradition judéo-chrétienne. Mais la sirène, figure mythique aux multiples facettes, n’est au moins pas une chose : une simple bête maléfique et lubrique à la recherche du mâle. »
    
    Benoit Reveur (voir le lien sur son blog et l’article complet ci-dessous), quant à lui, explique ainsi le mythe des sirènes :
    
    « Les sirènes font miroiter plaisirs, repos et omniscience, Elles symbolisent évidemment la séduction et ses diverses formes. Elles touchent visiblement aux pulsions premières de l’être humain, (même du plus averti) : elles lui promettent plaisirs, le flattent, lui promettent de lui donner la possibilité de tout savoir. Je crois probable que les sirènes cherchent à caresser ainsi l’ego et les sens de leur futures victimes…. Ulysse voulait entendre le chant des sirènes en étant ligoté car il voulait vérifier à quel point il était encore sensible à telle ou telle séduction plus ou moins pernicieuse (…).
    
    Comme dans bien des situations impliquant une séduction/manipulation, la personne qui séduit/manipule a besoin de l’attention que peut lui prêter sa victime/proie. Il se peut que ...