Léna (2/2) - Histoires de Sexe

Léna (2/2)

... self puis avons chargé nos plateaux avant de donner un ticket et de nous installer à table. Plusieurs personnes nous regardaient avec insistance sans que j’en comprisse immédiatement la raison. Je repensai alors à notre petite exhibition devant l’entrée de ce même restaurant trois quarts d’heure plus tôt. Je sentais l’odeur de l’intimité de Marie qui était restée sur mes lèvres, ce qui accentuait encore plus le décalage de réalité que je ressentais. Je finis par lui en parler :

— Ça fait bizarre…

Après avoir hésité à jouer l’idiote qui ne comprend pas ce qu’on lui dit, elle finit par admettre :

— Oui. C’est allé si vite.
— Euh… désolé ?
— Non ! Je ne parle pas de ça ! C’était très bien. Je parle de la situation. De toi. De moi. D’elle. Je veux dire : tu m’aurais dit, il y a un peu plus d’une heure, que ça finirait comme ça, je ne l’aurais pas cru.

Je préférai réorienter légèrement la conversation :

— Tu as passé un bon moment avec nous ?
— Oui. Et c’était si… naturel. Mais maintenant, je me sens honteuse. Salie… J’ai beau te parler de cul sans arrêt, je ne suis pas le genre de fille qui fait ce genre de chose.
— J’ai passé un moment inoubliable avec toi. Avec vous. Tu me…

Comment lui dire que j’étais fou d’elle depuis des mois ? En comparaison, ce que je ressentais pour Léna pouvait également être considéré comme une forme d’amour mais essentiellement physique autant qu’une sincère affection pour cette femme qui pouvait être à la fois si forte et si ...

... vulnérable. Mais ce n’était pas le moment d’en parler, de toute façon. Nous n’en étions pas là.

— Écoute : si ça peut te rassurer, je ne m’attendais pas à ça non plus, surtout après que tu m’aies ignoré tout le reste de la semaine, continuai-je en changeant à nouveau d’angle avant de marquer une pause avant de hausser les épaules. Mais c’est Léna : elle a le don pour te faire dépasser des limites que tu ne connaissais même pas. Tu fais des choses que tu croyais impossibles ou hors de portée. Et une fois que tu les as faites, ça t’a changé. Peut-être pour toujours.

Une nouvelle pause avant d’ajouter en riant :

— Et la fois d’après, tu fais un truc encore plus dingue.
— Et puis tu finis par te lasser, non ?
— Peut-être une fois qu’il n’y a plus de limites ou… que tu as trouvé ce que tu cherchais. Même si tu ne savais pas ce que c’était à la base.
— Hein ? Qu’est-ce que tu veux dire ?

Son ton était moins dû à l’incompréhension qu’à vouloir me faire lâcher le morceau : Léna m’avait pris par la main pour un long voyage à travers l’inconnu pour m’amener à ma destination. Marie. En plus, j’avais même eu droit à une visite guidée.

J’éludai :

— Rien. Laisse tomber. Je me suis un peu paumé dans mes pensées. On passe l’après-midi ensemble, ça te dit ? On peut se faire un tour en ville, lui proposai-je gaiement.

Devant le revirement complet de ton, elle accepta et nous finîmes notre repas au rythme de conversations nous raccrochant à une existence normale dont nous a ...