1. Rue Queûwe curé. Légende 5.


    Datte: 15/03/2018, Catégories: A dormir debout, Auteur: Marisa marlux, Source: Hds

    ... village. Mais comme l’objectif n’étant pas la ressemblance, ils étaient aussi rassurés. Les modèles ne pouvaient pas voir l’avancement des œuvres. Il fallait que Monsieur le curé termine le travail pour pouvoir enfin admirer ce à quoi ils avaient participé en posant à poil. Monsieur le curé les remerciait d’avoir posé, puis ils devaient attendre quelques semaines avant de pouvoir observer le résultat final. Et de ressemblance, il n’y avait effectivement pas. Mais monsieur le curé prenait le temps d’expliquer son travail, de faire remarquer le grain de peau qui l’avait inspiré, de la courbe dont il s’était servi, et les gens acquiesçaient, heureux de se retrouver dans des toiles qui avaient, il faut le reconnaître, une certaine allure. Le soir, dans son lit, après une séance de peinture, monsieur le curé se terminait seul, ce qui lui permettait ensuite de passer une nuit calme, bien loin des rêves érotiques qui l’auraient hanté s’il ne s’était ainsi achevé.
    
    Monsieur le curé mourut brusquement sans raison apparente. Le village fut attristé. Mais la vie continua. On retrouva bien des toiles dans le presbytère, mais étonnamment les églises des alentours disaient qu’elles n’avaient rien commandé de tel. Comme ces toiles étaient malgré tout plaisantes, et que nombre de ...
    ... villageois se reconnaissaient en elles, il fut décidé de faire un musée dans une salle de la mairie, musée qui servait aussi de salle du conseil le jour où les conseillers municipaux se réunissaient.
    
    Le temps passa. Un jour, un vieux monsieur vint au village. Il se rendit au musée. Quelle ne fut pas sa surprise de reconnaître ses propres toiles. On ne le crut d’abord pas. Mais il sortit d’autres œuvres et les ressemblances étaient telles qu’il ne fut pas possible de ne pas se rendre à l’évidence. Les toiles exposées à la mairie étaient sorties du pinceau de ce peintre. Le curé était un imposteur… Les gens étaient désolés de ne pas vraiment être dans les toiles… Et pourtant ils s’y retrouvaient quand même. Monsieur le curé avait su se montrer convaincant. Les langues se déliaient et chacun se rendaient compte que monsieur le curé avait été un petit vicieux… Mais ça ne se disait pas trop, chacun ayant quand même le sentiment d’avoir été guéri par lui, et chacun se retrouvant dans ces fameuses peintures.
    
    C’est en référence à cette imposture que l’on choisit le nom de Queûwe curé pour cette petite rue du village. Le peintre s’appelait Queûwe, les toiles lui étaient dues, mais les villageois voulurent croire jusqu’au bout qu’elles étaient du curé… D’où le nom de la rue… 
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