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Le kid qui éternuait plus vite que son ombre !
Datte: 23/12/2025, Catégories: Humour #pastiche, Auteur: Maryse, Source: Revebebe
Le vent soufflait en longues rafales, soulevant des volutes de poussière sur la place du village. Un vieux journal roulait au sol tel le buisson d’épine d’un western spaghetti. L’enseigne de l’épicerie grinçait sous la bourrasque, donnant à l’instant une tension dramatique digne d’un duel épique. Luc le savait : dans cette histoire, il était un garçon bien seul et sans défense. Les deux Calamity Jane en face de lui avaient cette lueur dans le regard… celle qui précède une exécution publique ou une dégustation forcée. Aujourd’hui, pris dans ce courant d’air où sévissait un rhume infernal, l’heure n’était pas venue de départager celle qui dégainerait le plus vite… mais celle qui détenait le remède le plus miraculeux. Luc, au centre de cette rivalité ancestrale et impitoyable, avait l’impression d’être devenu une version malchanceuse du dommage collatéral. Son ombre, elle, avait filé plus vite que lui, déjà à l’abri, cachée derrière un buisson d’aubépine, de ronce sauvage ou de toute autre plante suffisamment épineuse pour tenir à distance le danger. D’un côté, Mamie Jeanne, droite comme un i, une louche fumante à la main. Son regard était aussi perçant que celui d’un shérif traquant une quinte de toux hors-la-loi se dissimulant dans des bronches encombrées. Sa marmite ? Une Cocotte-Minute cabossée, vénérable témoin de batailles culinaires passées. À l’intérieur, un liquide beigeâtre et trouble, où surnageaient des morceaux indéfinissables – peut-être des ...
... plantes, peut-être des reliques d’anciens goûteurs disparus dans d’atroces souffrances. L’odeur défiait toute classification scientifique : un mélange d’herbe anciennement coupée, de légumes fatigués et de vieille soupe ayant mijoté trois jours de trop. — De l’eau de cuisson de pommes de terre… et un mélange de plantes secrètes ! annonça-t-elle avec fierté. — Quelles plantes ? osa demander Luc. — Ah, mon p’tit gars, si je le savais moi-même, ce serait moins efficace ! Un breuvage si puissant que même la cuillère, terrorisée, s’enroulait sur elle-même avant d’y être plongée… De l’autre côté, Mamie Lucette, tablier taché, sourire en coin, tenait d’une main ferme une carafe pleine d’un liquide ambré aux reflets douteux. À chaque mouvement du récipient, des volutes de vapeur s’en échappaient, comme si la potion continuait à mijoter toute seule… ou manifestait son mécontentement d’avoir été extraite trop tôt du baril de pétrole où elle avait été concoctée. La potion vrombissait comme une ruche affolée. Son odeur, elle, relevait du crime olfactif : un mélange explosif entre un putois en rut, une distillerie clandestine et une serre botanique en pleine putréfaction. — Mon grog de vipérine ! déclara-t-elle fièrement. Une seule gorgée, et la maladie déserte ton corps en hurlant ! Luc pâlit, observant la carafe comme on observe un bâton de dynamite dont la mèche aurait été allumée par erreur. — Ou alors… c’est mon corps lui-même qui me déserte en me laissant seul avec ...