Doublement Fabio - Histoires de Sexe

Doublement Fabio

... vrai nom est nettement plus banal. Et voici mon assistante et secrétaire, Mélissa.
— Enchanté. Mélissa tout court ! Ou bien faut-il comprendre quelque chose comme « mets-lui ça » ?

L’homme et la femme se mettent à rire. Puis, changeant un peu de ton, il annonce la couleur :

— Tu permets que je te tutoie ? C’est la règle dans le métier. Je ne vais pas tourner autour du pot : on m’a dit que tu en avais deux, pas deux boules, mais deux tiges.
— Je ne sais pas qui vous a dit ça…
— Nous le savons, nous avons vérifié auprès de diverses demoiselles avec qui t’as pas eu de chance… c’est mon assistante ici présente qui a fait les recoupements.

Je me mets à rire :

— Votre assistante a bien fait son boulot. N’oubliez pas de l’augmenter.
— T’as le sens de l’humour, toi.
— Je ne vais me mettre à pleurer…
— Puisque tu viens de parler de ma secrétaire, t’en penses quoi ? Elle est à ton goût ?

Que cherche ce type ? À me déstabiliser ? Ou bien c’est un proxénète qui me propose sa marchandise ? Sans perdre le sourire, je réponds :

— Vous avez d’étranges questions…
— Ce n’est pas une réponse à ma question.
— Elle me dirait « oui » que je ne lui dirais pas « non ».

La secrétaire-assistante se met à sourire. Son supérieur hoche la tête :

— Y a pas à dire, j’aime bien ta façon de répondre.
— Et si vous en veniez au fait, cher Monsieur ?
— Une fois de plus, je ne vais pas tourner autour du pot…
— C’est pourtant ce que vous faites depuis cinq minutes.

Il recule ...

... un peu sa chaise à roulettes pour ouvrir un tiroir :

— Et toi, tu continues à me vouvoyer…
— Je ne vous connais pas assez pour me risquer à vous tutoyer.

L’homme sort un petit catalogue au format A5 qu’il me tend. Pas besoin d’avoir une vue perçante pour constater qu’il s’agit de films très olé-olé. La confirmation orale arrive aussitôt :

— Je suis producteur, réalisateur et scénariste de films X.

Je m’en doutais un peu, vu le pseudo. Je demande poliment :

— Et pas acteur ?
— Ça m’arrive parfois, mais moins que dans le temps. Ah, je regrette souvent le temps béni où j’étais plus jeune, c’était le bon temps, crois-moi ! Mais revenons-en à toi : ça te dirait de jouer dans un film ? Ainsi tu pourrais te taper des filles sans risquer l’humiliation qu’elles se carapatent à toute vitesse. Ça te dit ?

Tandis que je feuillette la brochure, page après page, je rétorque :

— Vous avez l’art de présenter les choses ! Vous vous rappelez « Fantasia », un dessin animé musical de Walt Disney ?
— Euh oui, quand même, c’est un grand classique… Bon, c’est pas le même public que je vise, mais celui-ci viendra à moi tôt ou tard.
— Eh bien, vous m’évoquez un hippopotame en tutu en train danser dans un magasin de porcelaine.

La jolie secrétaire se met à pouffer de rire. Je rectifie le tir :

— Je ne faisais pas allusion à votre physique, mais à votre diplomatie.
— J’avais compris. Y a peut-être un truc à creuser avec un acteur qui balance des punchlines, ça changerait ...