1. Pérégrinations (1)


    Datte: 24/09/2019, Catégories: Divers, Auteur: Sharhajar, Source: Xstory

    ... frôlent ma cicatrice invisible. Je suis trempée. Toujours la même ombre de la violence et son excitation. Je n’arrive pas à me concentrer. Pas facile de mettre de l’ordre dans ses pensées quand son corps remue sous le chaos du plaisir.
    
    Brusque, il se plaque contre moi en exhalant son haleine ethanolée. Ses yeux plongent dans les miens, je retiens de peu un hoquet revulsé. Il sent ma raideur alors que je commence à sentir la sienne. Il doute, hésite. En ai-je vraiment envie ?
    
    Oui. Non. Oui. Sa question me semble si sorte. Le fumeur a-t-il envie de sentir cette brûlure dans sa gorge ? Le boxeur jouit-il de tous ces coups pris ? Peu importe le chemin c’est la finalité qui compte. Mécaniquement je le plaque plus fort encore et glisse ma main dans le pantalon qui nous sépare.
    
    Le reste n’est plus qu’un voile. Une vision un peu floue de lui en moi. Une vision de dégoût de moi sur lui. Faire l’amour est une chose, baiser en est une autre. Je n’ai pas besoin d’amour ce soir. La bouche fermée sur le bedo, les yeux clos sous les draps je me soigne sous placebos.
    
    En levrette, baisée comme une animale. Mes fesses s’agitent au rythme quasi militaire des fessées. Chaque fausse note sanctionnée ...
    ... par une gifle ou un denuquage. Il est un chef d’orchestre et me mène à la baguette.
    
    Une bourrade vient me renverser sur le dos. J’en souris tant ma position est pathétique. Couchée par terre, les cuisses nues, écartées, offertes. Sa poigne s’empare de ma gorge et son sexe de moi. Il m’a harponné et sur l’instant rien ne pourrait me séparer du plaisir. La suffocation monte peu à peu.
    
    Tout redevient flou. Une larme perle dans mon mascara et à la pointe de son gland. Sa jouissance est une délivrance pour moi et ses couilles. Toujours le même sourire satisfait que j’abhorre chez les hommes. Sans un mot il se lève et commence a se rhabiller. Toujours cette simplicité que j’adore chez cet homme.
    
    C’est fini.
    
    Je repars le lendemain matin l’esprit et le ventre vides. Mes préoccupations ont changé en l’espace de quelques heures. Je fais le trajet inverse, essaye de fermer les yeux sur la nuit passée... Mais les rouvre sur ma cigarette et mes phalanges bleuies.
    
    Un message agite ma poche.
    
    Merci pour cette nuit. A une prochaine fois. T’es peut-être pas bonne à marier mais t’es sacrement bonne au pieu.
    
    Sourire pour conclure la journée. Encore heureux que je ne sois pas bonne à rien. 
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