1. La fille prétentieuse du Calife (1)


    Datte: 16/09/2019, Catégories: Hétéro Auteur: KuroX, Source: Xstory

    A Bagdad, au IXème siècle, régnait un calife grand de cœur. Superbe souverain de bon caractère et doté d’un talent pour régner, pieux, sage et attentionné, il faisait le bonheur de son peuple. C’est pourquoi l’on se demande encore ce qu’il a bien pu faire pour mériter une fille comme la sienne : certes d’une rare beauté, d’une parfaite éducation -lettrée, elle était accoutumée à la plus haute littérature- mais d’un caractère exécrable. Orgueilleuse et hautaine, elle se vantait partout d’être de pur-sang arabe, de descendre d’une nation élue, du peuple de la Révélation. Aussi méprisait-elle les autochtones, ceux dont les ancêtres étaient là avant la conquête, même s’ils s’étaient convertis à l’Islam. Et même les gens issus de familles arabes, s’ils étaient trop peu fortunés, elle les considérait comme inférieurs. Elle se trouvait finalement au sommet de la hiérarchie et la grande majorité des êtres peuplant la terre ne lui arrivait pas à la cheville. Cela faisait plusieurs années que son père cherchait à la marier, sans succès.
    
    Elle n’accepterait pour époux qu’un homme qui serait son égal, du moins qu’elle considérerait comme tel, ce qui était extrêmement ardu, voire impossible à trouver.
    
    Un jour, le calife reçut en son palais un prétendant qui n’était pas des moindres : le fils de l’empereur du Ghana qui était sans doute le souverain le plus riche du monde. Le prince était accompagné de sa suite et d’une vieille femme qui avait été sa nourrice. Il avait par ailleurs ...
    ... fait acheminer d’incroyables quantités d’or. Le calife espérait conclure ce mariage prometteur et fit appeler sa fille. Celle-ci parut couverte de son voile, regarda le prince et ceux qui l’accompagnaient puis éclata de rire :
    
    - Père vous n’êtes pas sérieux ?! Cet homme est semblable à nos zandjs [esclaves noirs qui cultivaient les champs pour le compte des abbasides]. Voulez-vous, que nous corrompions notre noble sang ? Voulez-vous que j’enfante un sauvage ? Votre but est-il de nous ridiculiser à tout prix ? De plus, ce peuple est bien connu pour ses mœurs dépravées... et vous voulez que je m’unisse... à ça ?
    
    Sur ces terribles paroles, la princesse se retira. Alors qu’elle traversait le palais pour s’en retourner dans ses appartements, elle tomba sur une vieille femme recroquevillée, au sombre visage et au regard sévère : c’était la nourrice du prince qui était apparu comme par magie. D’abord surprise, la princesse lui adressa la parole :
    
    — Vous... je vous reconnais. Vous accompagnez mon prétendant. Comment êtes-vous arrivée ici ?
    
    Ne prenant pas garde à sa question, la nourrice lui répondit :
    
    — Vous êtes peut-être magnifique mais vous êtes pourrie de l’intérieur. Hautaine et vaniteuse, vous n’avez aucun cœur. Pourtant, vous serez humiliée comme vous ne l’avez jamais été, et vous supplierez le prince, vous l’implorerez de vous laisser l’épouser. Vous aurez tout ce que vous méritez.
    
    — Comment osez-vous me manquer de respect vieille sauvage aigrie ?! Déguerpissez ...
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