1. Julie et Mariam (3)


    Datte: 12/09/2019, Catégories: Erotique, Auteur: ballhin, Source: Xstory

    ... reprend-elle avec un grand sourire, je suis d’origine malienne. Mon grand-père a participé à la Deuxième Guerre mondiale, à l’époque où le Mali était une colonie française. Bref, je passe le côté historique. Il a immigré en Bretagne dans les années 50, donnant naissance à ma mère. Plus tard, celle-ci est tombée amoureuse d’un beau Breton et a mis au monde deux filles, dont tu as un spécimen devant toi.
    
    Sa réponse me donne envie d’en connaître davantage sur sa vie. Je comprends mieux son caractère bien trempé ; étant jeune, la petite Mariam a dû en voir de toutes les couleurs. Être une enfant métisse dans un petit village de province à cette époque a dû être une épreuve. La mienne, à côté, est d’une affligeante banalité. Née avec une cuillère en or dans la bouche, si j’occulte ma crise d’adolescence. Mon seul vrai combat a été de quitter le carcan familial en ayant refusé, à de multiples reprises, d’être mariée à de « beaux partis » choisis par ma charmante mère. Un véritable exploit applaudi par Jérôme, mon unique grand frère.
    
    * * * *
    
    Dans le couloir menant aux chambres, nous nous regardons sans un mot. Si j’occulte l’appel de ma mère, cette soirée s’est déroulée à merveille, j’ai été troublée par la complicité naturelle qui s’est installée entre nous. À chacun de nos échanges, j’ai eu la sensation de connaître ses pensées les plus profondes. Dès que je commençais une phrase, elle la finissait. Nous étions comme connectées, je ne trouve pas d’autre mot pour définir ...
    ... ce moment. Quand elle s’est confiée à moi, j’ai ressenti sa fragilité, souffert de ses peines et de sa solitude. J’admire cette mère qui a passé la majeure partie de sa vie à oublier de vivre pour elle ; un véritable sacrifice pour ses amours, comme elle les appelle tendrement. Je me suis demandé sur qui, cette femme qui doit toujours paraître sans faille, elle se repose quand son moral est au plus bas. Quand elle a mal. Et quand sa solitude l’étouffe, à qui se confie-t-elle ?
    
    Dans cet espace étroit où nous sommes si proches, je ressens toujours cette excitation latente qui ne demande qu’à s’exprimer de nouveau. Chacune attend un geste de l’autre. Au final, c’est Mariam qui saute le pas et se penche vers moi pour effleurer ma joue du bout des lèvres. Un frisson me saisit à ce contact si délicat et pourtant amical. Une envie de lui sauter au cou me taraude.
    
    — Bonne nuit, Julie.
    
    — Bonne nuit, Mariam, soupiré-je, déçue.
    
    — J’ai été heureuse de passer cette soirée avec toi, tu sais, merci.
    
    — Moi aussi, confirmé-je, dans un souffle.
    
    Si j’avais eu une once de courage, une minuscule, je lui aurais dit : reste encore un peu, s’il te plaît. J’ai très envie de continuer nos échanges et de poursuivre cette merveilleuse soirée, mais je n’ai pas une telle témérité. Elle entre dans sa chambre, laissant la porte entrouverte, comme une invitation. Cela me démange de la rejoindre. Ce soir, un sentiment étrange et inconnu a rempli mon cœur pour cette femme qui donne tant sans ...