LE CASTOR 1.
Datte: 10/09/2019,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
Auteur: Accent, Source: Hds
... m’extasie, ça la fait rire. À ma question elle répond que la bâtisse, son petit parc et les dépendances ont été évalués récemment entre sept et huit cent mille euros. L’intérieur est égal à l’extérieur, j’ouvre de grands yeux. Elle rit aux éclats de me voir aussi ébahi. Je l’amuse en exagérant mon étonnement.
- C’est dans tes rêves ! Le château de la belle au bois dormant. Arrête ton boniment.
- Tu ne me crois pas ? Je vous montrerai la demeure, c’est rue du Bourbonnais, pas très loin d’ici, au numéro douze.
- Arrête ton char. Tu vas une fois chez une dame distinguée et apparemment riche et tu reviens avec le nom de sa rue et son numéro ! Tu es un véritable annuaire ! Après toutes celles que tu prétends avoir conquises.
- Qui te dit que j’y suis allé une seule fois ? J’y vais régulièrement, ça vous en bouche un coin, les amis.
Cette fois j’écoute avec le plus grand intérêt. Le douze de la dite rue, c’est chez moi. Je devrais remercier le galant porteur, mais une chose m’intrigue : il prétend avoir fait plus d’une visite. Or je ne l’ai jamais rencontré. C’est un vantard. Entendons la suite.
- Nous buvons un premier verre, la dame en verse un second. Elle apprécie donc ma compagnie et tente de me garder près d'elle. Je lui trouve un air triste. On dirait une femme qui s’ennuie. Ingénument je la questionne sur ses occupations. De réceptions en dîners, du théâtre à l‘opéra, elle mène une vie toute simple. La malheureuse a de quoi se plaindre. Son mari a une très ...
... bonne situation, mais, hélas, il est très souvent absent ou fatigué, c’est le revers de la médaille. L’argent, je dois la croire, ne fait pas toujours le bonheur. Elle préférerait un mari plus présent, plus attentionné. Au troisième verre, la confidence me surprend. Et il y a de quoi, elle se laisse aller à des confidences indiscrètes.
Le cadre est puissant au travail, l’époux l’est moins au lit. Il est un tantinet mou de la queue, n’est plus aussi entreprenant, ce n’est plus le jeune homme fougueux des débuts. Parfois il est fatigué, trop absorbé par ses affaires. Elle roule des yeux, devient mélancolique. Elle donnerait cher pour avoir un mari plus vigoureux et plus porté sur la chose. Au quatrième verre, elle me dévisage, pose sa main sur mon bras. Confidence pour confidence, elle voudrait que je lui parle de ma vie sentimentale. J’invente une rupture récente qui m’a brisé le cœur. Elle me plaint. « Un si charmant garçon. Cela ne devrait pas être permis ! » Elle a posé ses deux mains sur les manches de ma veste, me regarde pleine de compassion, avance sa tête et me console d’un baiser. Un baiser ventouse sur la bouche. Je sentais venir le coup. Une mal baisée en quête d’amour, une chance à saisir !
— Et alors, et alors, Zorro est arrivé, hé, hé, persifle un des convives. Tu affabules comme d’habitude.
La moquerie ne le démonte pas :
— Vous me connaissez. Il y a mon charme naturel, c’est vrai ; il vient d’opérer. De plus il y a l’alcool qui me donne du courage, ...