Au bord du gouffre - Histoires de Sexe

Au bord du gouffre

... courbaturé, puis fermai les yeux. La fatigue combinée au stress ne tarda pas à me vaincre.

Je déposai la vaisselle dans l’évier et fis couler l’eau chaude. Nouria, derrière moi, rangeait le beurre et l’eau minérale dans le frigo.

— Bien mangé ?
— Ouais, c’était excellent. Je ne te savais pas aussi bon cuisinier, me dit-elle.
— Bah moi non plus, à vrai dire. Mais depuis mon régime, je me suis amélioré.

J’envoyai une bonne dose de liquide vaisselle et Nouria se posta à côté de moi avec un sourire.

— On voit bien que les mecs n’ont pas l’habitude.
— Hein ?
— Déjà…

Elle tendit le bras et ferma le robinet d’eau chaude.

— Tu mets toute ta vaisselle dans un seul évier. Tu la laves. Et ensuite tu la rinces. C’est plus économique que de laisser l’eau couler.
— Eh bah je me coucherai moins bête ce soir, fis-je en souriant.

Je procédai donc selon ses conseils.

— Tu as passé une bonne soirée ? lui demandai-je.
— Excellente.
— Bon.
— Pourquoi cette question ?
— J’appréhendais un peu, lui avouai-je.
— Pourquoi ?

Je haussai les épaules.

— Disons que t’es la première fille à venir dîner chez moi.

Elle me passa une main dans le dos.

— Tu es craquant quand tu doutes de toi.

Je la regardai. Petite et si belle, si fragile. Je mourais d’envie de lui avouer mes sentiments, mais c’était trop tôt : nous ne nous fréquentions que depuis deux mois. Mais une telle osmose, un tel bonheur, une telle complicité s’était créés entre nous que j’avais ...

... l’impression de la connaître depuis dix ans.

— Heureux de l’entendre.

Elle se plaça derrière moi et m’enlaça, ses mains entourant ma taille. Elle posa sa tête sur mon épaule.

— C’est la première fois, me dit-elle, que je suis aussi apaisée avec quelqu’un.
— Moi aussi. Même si ta sœur m’aime pas beaucoup.

Elle me serra plus fort.

— Ne lui en veux pas trop. Amel est un peu spéciale… Elle a toujours eu l’habitude de me surprotéger.
— Moi, ce que je vois surtout, c’est qu’elle n’aime pas le fait que je sois pas, enfin, que je sois un Français.
— Non, non, c’est pas une raciste. Juste une folle.

Je soupirai.

— Je sais pas si ça vaut mieux.
— Il lui faut un temps d’adaptation. Tu sais qu’avec mon ex, elle…
— Oui, je sais. Mais j’aimerais un jour qu’elle se mette en tête que je ne suis pas lui.

Amel avait en effet très mal pris la dernière relation de Nouria. Son ex était un connard macho qui avait traité sa sœur plus bas que terre. Depuis, elle voyait d’un mauvais œil les hommes en général. Mais son propre mec, David, ne valait guère mieux. Il me semblait même qu’il n’était avec elle que pour tirer son coup. Alors je ne comprenais pas le raisonnement d’Amel. Elle ne supportait pas pour Nouria ce qu’elle-même supportait avec David. Alors pourquoi ne pas le quitter ?

Je coupai l’eau et m’essuyai les mains sur un torchon, que je disposai ensuite au-dessus de l’égouttoir, puis me tournai pour lui faire face, et la pris dans mes bras.

— Ne parlons plus de ça ce ...