Relation toxique (2)
Datte: 01/09/2019,
Catégories:
Divers,
Auteur: simson3, Source: Xstory
... sourire :
— Dans ces conditions, je ne peux faire autrement qu’accepter ! Merci, merci, Docteur ! fit-elle en se levant, reconnaissante, afin de serrer la main de son supérieur.
Se rassoyant, elle ajouta :
— Sophie et moi resterons en contact via WhatsApp.
L’homme leva les deux bras au ciel en signe de dépit :
— Mais Alicia ! Qu’est-ce que vous me racontez là? Mais où est passé votre sens du romantisme ?
— Je ne comprends pas, Docteur.
— Skype, WhatsApp, FaceTime... Vous, les jeunes, êtes devenus incorrigibles ! Vous voulez tout avoir, tout savoir, tout de suite, vite vite vite !
Alicia ricana discrètement. Elle se reconnaissait parfaitement dans cette génération où l’instantané était devenu la norme.
— Lorsque mon grand-père était sur le front en 14-18, poursuivit l’homme, il n’y avait pas d’internet et pas de téléphone, et ma grand-mère était enceinte de mon père. Comment mes grands-parents communiquaient ? Par de bonnes vieilles lettres d’amour, écrites à la main et passées de main en main, de l’expéditeur jusqu’à la destinataire, puis de l’expéditrice jusqu’au destinataire !
Les yeux de l’homme se mouillèrent :
— Grand-papa m’a souvent raconté ces choses. C’était la pire période de sa vie : partager sa couchette avec la vermine, vivre dans le fracas assourdissant des obus, se faire ronger par la peur de ne pas voir demain.
Il ajouta d’un geste ostensible :
— Ce sont ces lettres, ma petite fille, ces petits bouts de papier ...
... griffonnés sur la crosse d’un fusil qui lui ont permis de tenir le coup ! C’était là tous ses espoirs, sa raison de vivre, sa force de pouvoir continuer le combat !
Émue et la gorge serrée, Alicia ne pouvait que garder le silence et écouter.
— Allons, soyez romantiques, les filles ! Tentez l’expérience. Prendre le temps de lire, prendre le temps d’écrire, de coucher sur papier vos sentiments l’une pour l’autre, dire ensuite adieu à la missive et attendre la prochaine... C’est ça, le vrai romantisme !
Les larmes coulaient à présent sur les joues de l’urgentologue. Comme son patron avait raison ! Quand le TGV passe à 250 km/h, on ne peut apprécier la beauté du paysage.
— Je retiens votre idée, Docteur. Je suis persuadée que Sophie acceptera de se prêter au jeu.
— À la bonne heure ! s’exclama le directeur. Et puis, pour les cas urgents, il y aura toujours Skype, WhatsApp ou FaceTime !
— C’est bizarre, ajouta Alicia, comme pour elle-même. J’ai comme une impression de déjà vu, de déjà vécu...
— Vous avez parlé, Alicia ? demanda docteur Gauthier.
— Euh, non. Rien. Je... réfléchissais tout haut.
On toqua à la porte. La vue qui s’offrit à la femme médecin l’arracha brutalement à ses pensées.
— Ah oui, entrez, docteure Fortin, fit le directeur. Je crois que vous n’avez pas encore été présentée à notre future cheffe-urgentologue. Je vous présente docteure Alicia LeBel.
Cachant difficilement sa surprise, Alicia accepta la main tendue par la femme aux cheveux ...