1. Quarante textes sur la laideur et autres féroces amusements


    Datte: 28/08/2019, Catégories: bizarre, laid(e)s, collection, humilié(e), nonéro, exercice, portrait, Auteur: Raphaël Zacharie de Izarra, Source: Revebebe

    ... par rapport aux belles femmes, c’est précisément qu’elles sont laides. D’où la supériorité de la beauté sur la laideur chez la femme.
    
    Si les femmes laides sont délaissées, c’est qu’elles le méritent pour la bonne raison que leur laideur est un naturel repoussoir. Ce qui fait la valeur de la beauté, c’est qu’elle répond à des lois injustes qui échappent à notre volonté égalitaire, à notre souci de nivellement, à la standardisation de notre société. Cela fonctionne exactement comme la grâce : elle peut tomber du ciel sur n’importe quelle tête. La beauté d’une femme ne dépend nullement de son bon vouloir mais des coups de dés du Ciel. Ou si on préfère, de la Nature. Et c’est très bien ainsi. Que les ennemis de l’injustice naturelle fassent donc le procès de la Nature et qu’ils rendent d’un coup de baguette magique la justice selon les références humaines… Toutes les femmes seraient belles, hélas ! Et la beauté perdrait du même coup tout ce qui fait son charme.
    
    Ce serait la dictature de la monotonie.
    
    Vivent les femmes laides et tant pis pour elles ! Grâce à leur laideur l’on mesure la valeur inestimable de la beauté.
    
    Je sais que vous n’êtes pas celle dont on dit qu’elle est jolie. Votre visage, si dur et si doux à la fois, ce visage-là, si triste et si plein d’éclat, n’a point la beauté facile de ces pucelles de dix-huit ans fraîches et gaies qui font si souvent se retourner dans la rue les hommes mariés et qui leur font oublier un instant la pesanteur d’un trop ...
    ... long et trop fade hyménée. Vous, vous n’inspirez que vide et ennui à ces cœurs frivoles.
    
    Vous n’êtes pas belle, certes. Vous ne faites rêver personne. Je vous aime moi, pourtant… Vous ne serez jamais celle qui fera pâlir les blondes de la terre, jamais celle dont on chantera les grâces au son de la viole, au clair de Lune, mais vous serez pour toujours ma pauvre chandelle.
    
    Vierge parmi les vierges, jeune parmi les jeunes, vous êtes la dernière toutefois. Morte en ce monde, vous êtes ma lumière.
    
    Mademoiselle,
    
    Cette lettre vous étonnera. Elle vous choquera peut-être, vous irritera possiblement, vous ôtera sans doute le sommeil. Ce que je souhaite surtout, c’est qu’elle vous fasse pleurer. Soit à cause de son inutile cruauté, soit à cause de la joie qu’elle saura inspirer à votre cœur délaissé. Ce qui revient au même, le prix de vos larmes n’étant pas différent pour la flèche de l’aveugle Cupidon ou pour l’éprouvette du distingué, calculateur, aimable corrupteur que je suis. Que vos larmes soient amères ou bien douces, aucune importance, pourvu que l’Amour en soit la cause.
    
    La façon d’extraire vos larmes futures importe peu. Le résultat seul compte, non les moyens déployés pour l’obtenir. Finalement cette lettre vous agréera : étant laide vous ne devez pas avoir l’habitude de recevoir des lettres d’amour.
    
    Votre laideur est loin de me déplaire. Sincère soupirant, je n’hésite pas pour vous mieux séduire à faire fi des moindres lâchetés, hypocrisies, vilenies et ...
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