Laure - Histoires de Sexe

Laure

... printemps, Jean reçoit la visite de Laure Berger.

— Votre mère m’a demandé de passer. Elle n’a pas reçu de nouvelle depuis deux semaines et s’inquiète.

Jean rougit. Les cours, les révisions avec Isabelle, les caresses nocturnes l’ont occupé au point d’en oublier sa mère ! Il rassure Laure sur sa santé et affirme que le travail se déroule normalement. Il précède sa visiteuse au salon. Un coup d’œil à la vitre, ça va, elle est propre et il n’y a pas de tache suspecte par terre. Les jumelles trônent sur un guéridon. Le regard de Laure va de celle-ci à la maison en face.

— Ta, pardon votre mère… Zut ! Tu permets que je te tutoie ? Il y a si longtemps que je te connais.
— Je vous en prie.
— Ta mère disais-je, m’a raconté que tu observes les oiseaux. Y en a-t-il d’intéressant ?
— En ce moment, je surveille un couple de loriot.
— De loriot ? Qu’est-ce que c’est ?
— Un oiseau de la taille du merle, brun avec des plumes jaunes dans les ailes, visibles quand il vole.
— Fais voir.
— Ils n’apparaissent que le matin.
— Tu as l’air calé, c’est bien mon petit !

Ce disant, Laure s’amuse à pointer les jumelles sur la maison des propriétaires, manière de dire qu’elle ne croit pas aux études ornithologiques du jeune homme.

L’énervement gagne Jean. Laure le met mal à l’aise, comme toujours. Il brûle de la prendre dans ses bras et de bâillonner sa bouche moqueuse d’un baiser. Il réalise que, depuis le funeste après-midi, c’est la première fois qu’ils se retrouvent en ...

... tête-à-tête (Toi, ma vieille, décide-t-il, tu ne sortiras pas d’ici avant d’avoir passé à la casserole).

S’il est facile de prendre des bonnes résolutions, les concrétiser est plus délicat. Jean ne sait comment opérer. Il regarde Laure. Debout devant la fenêtre elle lorgne la maison. Sa silhouette encore jeune et appétissante se découpe dans la lumière.

— Tient ! On dirait qu’il y a du monde.
— Où ça ? demande-t-il.
— Là, derrière les fenêtres au balcon de fer forgé. Oh ! C’est madame Clément.

Jean est plein d’espoir, est-ce que par hasard Geneviève s’apprêterait à tromper son mari ?

— Elle est seule ?
— Oui ( Zut !)… Non ! Excuse-moi. Il y a quelqu’un, un homme. Attends, je ne le distingue pas bien. Ah ! Je reconnais le docteur Gilbert, celui qui soigne son mari. Oh !

Laure baisse les jumelles.

— Qu’est-ce qu’il y a ?
— Le docteur embrasse Gene… madame Clément !

(Merci, Geneviève, merci ! Tu es ma providence ! Je te revaudrai ça !) Jean s’avance dans le dos de la jeune femme.

— Surtout ne faites pas de gestes brusques.
— Pourquoi ?
— S’ils s’embrassent, c’est qu’ils ne nous ont pas vus. Si vous faites un mouvement rapide, ils décèleront notre présence… Non, non, s’empresse-t-il de poursuivre devant le mouvement de recul de Laure, non, je ne vous propose pas de les espionner, mais est-ce que vous pensez que madame Clément apprécierait de savoir que vous connaissez son secret ?
— Tu… tu as raison.

L’argument est pauvre. Jean est bien placé pour ...