1. Soins de suite


    Datte: 16/08/2019, Catégories: fh, inconnu, médical, handicap, bizarre, Collègues / Travail cérébral, massage, nopéné, mélo, amourcach, amourdram, extraconj, h+medical, attirautr, Auteur: Snerba, Source: Revebebe

    Chambre 17 au fond du couloir.Michel Delaunay, 51 ans. Veuf.Fiche de renseignements : AVC en date du 12 avril ; 4 semaines en soins intensifs avant d’arriver ici à l’hôpital local en soins de suite.Hémiplégie droite; aphasie totale.
    
    L’ensemble des éléments cliniques expliquait qu’un homme aussi jeune ait été admis dans ce service, plus habitué à recevoir des octogénaires que des quinquagénaires. Depuis huit ans qu’elle y travaillait, Hélène n’en gardait d’ailleurs pas le souvenir.
    
    Après échange avec sa collègue du matin autour du premier café, c’est Hélène qui lui assurerait les soins du matin : toilette au lit, petit déjeuner et friction des membres "morts". Elle terminerait sa tournée par lui afin de s’accorder plus de temps pour ce nouvel arrivé.
    
    C’était toujours un moment particulier que cette première rencontre. Avant de franchir le pas de la porte de sa chambre, il n’est qu’un diagnostic qui ne dit rien de sa taille, de son poids, de ses odeurs corporelles, de son appétit, de son caractère, et de ses humeurs aussi.
    
    La chambre était dans la pénombre, volet fermé.
    
    — Bonjour, dit-elle une fois entrée doucement dans la chambre, je suis Hélène, aide-soignante, et c’est moi qui vais m’occuper de vous ce matin. Attention, je vais ouvrir le volet.
    
    M. Delaunay n’a manifesté aucune réaction, même pas un battement de cils, les yeux fermés.
    
    Il faisait bon dans la pièce, les odeurs n’étaient pas trop fortes, contrairement à bien d’autres. Il était plutôt grand ...
    ... mais heureusement pour elle, pas épais du tout, les quelques semaines en soins intensifs ayant fait leur œuvre. Elle constata que sa peau n’avait pas trop souffert : peu de traces de rougeur malgré l’alitement permanent. Les bras et jambe droits étaient quant à eux plus blancs, stigmates de l’AVC et de l’hémiplégie.
    
    Elle avait pu se rendre compte lors de la toilette du manque de plasticité de cet hémicorps. La prise du petit déjeuner était difficile, le risque de fausse-route était grand ; elle devait poser sa main sur sa joue fraîchement rasée pour lui signifier d’ouvrir la bouche, mais ce qui la surprit plus encore, c’est qu’il n’avait pas ouvert les yeux un instant, ni non plus bougé le moindre muscle de son visage durant tout le repas.
    
    Afin de limiter la rigidité musculaire, elle prit le temps d’essayer de faire quelques mouvements des bras, avant-bras, poignets, ainsi que de sa jambe droite. Vraiment très raides. Après s’être assise sur le bord gauche du lit, elle commença à lui frictionner les membres afin d’encourager la tonicité des muscles et de la peau.
    
    Elle aimait cette sensation sur ses mains et l’odeur de l’huile sur sa peau. Elle y passa du temps, agréable parenthèse dans sa matinée, même si aucune réaction ne se fit voir chez cet homme. C’est seulement en sortant qu’elle fit le constat qu’elle n’avait pas parlé elle non plus ; elle n’en avait pas éprouvé le besoin. Elle sourit.
    
    Dorénavant, elle observait le même rituel, s’occupant des autres avant et ...
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