L'accord
Datte: 14/08/2019,
Catégories:
fh,
train,
amour,
Voyeur / Exhib / Nudisme
Auteur: Tenerezza, Source: Revebebe
Ce texte est une fiction. Mais il y a bien eu, un jour, un jeune homme et une jeune femme, dans le train Bordeaux-Nantes, qui se sont échangé des regards d’où, peut-être, une rencontre aurait pu jaillir.Ceux qui recherchent l’accomplissement – voire l’accouplement – sans la rencontre ne seront pas satisfaits. Mieux vaut alors choisir d’autres textes.
Bordeaux-Nantes, quai B, départ 14 h 35. Cinq minutes d’avance pour prendre ce train et choisir sa place, il considérait que c’était bien suffisant pour se permettre de rejoindre le quai avec nonchalance.
Arriver avant, c’était se donner l’avantage de choisir le compartiment, la place, et de pouvoir dissuader d’un regard peu engageant les personnages inintéressants, grossiers, et surtout sans aucune valeur à ses yeux : tout « ce » qui n’était pas une jeune femme entre 18 ans et 30 ans.
Pour autant, arriver au dernier moment, sous réserve qu’il y ait un choix raisonnable de place, conférait l’avantage de choisir LA place stratégique à côté ou en face d’une hypothétique élue.
Satisfait de son analyse, abondamment démontrée par les faits, tout au moins celui de pouvoir s’asseoir à LA place stratégique, il monta d’un vigoureux coup de reins dans le wagon et choisit le compartiment le plus adapté à son goût : en queue de train, fenêtre compartiment côté droit pour éviter l’aveuglement du soleil et la brutalité du croisement des trains, deuxième compartiment pour ne pas récupérer les voyageurs de dernière minute, ...
... essoufflés, qui ne manquaient jamais de s’affaler, sans discernement, empestant la sueur et s’étalant sans vergogne, comme si leur dernier exploit leur conférait le droit de prendre toute la place.
À cette heure-ci, en pleine semaine et sur cette ligne, il s’était fait cependant à l’idée qu’il ne trouverait pas LA place à prendre, celle que l’on prend presque comme excuse en raison du peu de disponibilités, tout en jubilant à l’intérieur.
Chaque compartiment avait d’ores et déjà son propriétaire dont il semblait qu’ils aient tous engagé la même stratégie de défense.
Il prit le premier compartiment vide qu’il trouva, dont il ferma la porte avec résignation, tout espoir de rencontre offerte par le destin définitivement condamné.
C’est une femme distinguée et d’âge mûr qui, quelques instants avant le départ, ouvrit la porte, déposa sa petite valise sur le siège en face et s’assit avec discrétion dans la place diagonalement opposée à la sienne.
Les premiers échanges de regards ayant suffi aux salutations et à l’évaluation de la situation, il se leva, descendit la fenêtre et porta toute son attention au départ de la rame : tout le plaisir, rien que le pur plaisir d’entendre les grincements caractéristiques des wagons qui prennent de la vitesse, le passage des aiguillages, l’alignement des vingt wagons, ils les avaient comptés, jusqu’à la tractrice.
Une demi-heure après le départ, les cheveux ébouriffés, le visage fouetté par le vent, il consentit à se rassoir tout en ayant ...