Tout un village - Histoires de Sexe

Tout un village

... sensations érotiques sont décuplées par la grossesse. En plus, tu me montres des trucs cochons, avec des escargots hermaphrodites sado-maso, dans une église sombre. Y a de quoi frémir de l’utérus, non ?
— Donc c’est bien vrai, les femmes qui font de la médecine alternative sont toutes des sorcières.
— Il a y aussi des femmes on ne peut plus banales, avec des envies de sexe on ne peut plus hétéro cis, de mains masculines pour caresser leur ventre, de voix grave pour parler au bébé à naître et d’un peu de douceur pour apaiser leurs angoisses face à la maternité.
— Et tu voudrais ça de moi ?
— Oui, Simon, je voudrais. J’ai beaucoup entendu parler de toi et ce que j’en ai vu me plaît, pas seulement parce que je suis en manque. J’aimerais que tu acceptes d’être parfois avec moi, de parler comme nous venons de le faire dans l’église, d’apprendre l’un de l’autre, de rire, de dormir dans les arbres, de nous baigner à minuit, toutes ces choses qui rendent la vie belle sans se prendre la tête. C’est pas l’amour toujours, mais un truc simple, léger, doux, tendre, rassurant.
— Peux-tu de ton côté comprendre que je flippe à l’idée d’être le géniteur d’un enfant de Florence dont Estelle sera le/la père/mère, et presqu’au même moment d’un enfant d’Estelle dont Florence sera le/la père/mère. Et que si quelque chose grandit entre toi et moi et que tu me laisses une place dans ta vie, je pourrais vouloir devenir le vrai père non biologique d’un enfant d’un autre géniteur.
— C’est quoi ...

... pour toi, être un vrai père ?
— Être celui qui voit l’enfant grandir, qui l’aime comme un dingue et qui accompagne la maman.
— Un dicton africain dit qu’il faut un homme et une femme pour faire un bébé, mais tout un village pour l’élever.
— Ben, moi, à l’instant, c’est comme si je débarquais d’un coup dans ton village, qui est aussi celui d’Estelle et de Florence, au milieu de nulle part dans ma géographie de mec. Et pour toi, le vrai père, c’est quoi ?
— Ça commence à la naissance. Le reste suit naturellement, j’en suis persuadée. Tu veux bien m’accompagner quand le moment sera venu ?
— À la maternité ? Tu planifies déjà ? C’est une des angoisses dont tu parlais ?
— Oui, j’ai besoin de savoir.

Comment résister à une telle demande. Je prends Apolline dans mes bras. Nous restons longuement enlacés, la tête et le cœur pleins d’interrogations, de doutes, mais aussi de belles images.

— Bon, c’est pas tout ça, mais je commence à voir plus précisément comme organiser la collecte de sperme, s’exclame finalement Apolline avec une moue gourmande. Et tu sais quoi ?
— Les envies de fraises sont remplacées par quelque chose de plus rigide et juteux, supposé-je.

C’est donc en plein jour, dans l’appartement lumineux de la jeune vétérinaire, que j’apprends comment faire l’amour à une femme enceinte, puis comment le faire encore une fois, plus délicatement, mais pas moins voluptueusement.

Deux heures pour se trouver et s’apprécier c’est un peu court ? Ça n’existe que dans ...