Ma vieille - Histoires de Sexe

Ma vieille

... commissions en parlant et en riant, je l’observe. Quatre-vingt-dix ans, mais elle garde une certaine minceur, ses fesses semblent rebondies, sa poitrine est affaissée, certes, et son visage ridé, mais pas avachi.

« Attends, mais je pense à quoi, là ? Elle est plus vieille que ma mère. »

— Je vous prépare à manger !
— Pardon ?
— J’ai dit que je vous préparais à manger ! On dîne ensemble !
— Mais non ! pourquoi vous feriez ça ?
— Pour trois raisons, jeune homme : premièrement, pour vous remercier, et deuxièmement, parce que ça me fait de la compagnie, et enfin, car j’aime cuisiner, et cuisiner pour moi seule… pas trop d’intérêt ni d’envie !
— Bien, madame ! Car je n’ai pas le choix, n’est-ce pas ?
— Et ce n’est pas madame, mais Renée ! Non, mais !
— Bien, Renée, dis-je en riant.

Une excellente soirée… La première d’une série tout aussi excellente passée en sa compagnie, d’ailleurs. Grande culture, de l’humour à revendre, une gaieté naturelle… Que du bonheur !

Le jeudi suivant, j’achète un petit bouquet, et sonne à sa porte.

— Oh ! Ces fleurs ! C’est pour moi ?(Question idiote, mais naturelle.)
— Bon anniversaire !
— Oh ! que vous êtes chou !
— Allez, pomponnez-vous, je vous emmène au restaurant !
— Mais non !
— Mais si ! Allez, je vous attends chez moi !

Quelques dizaines de minutes plus tard, je la vois arriver, toute belle, maquillée, pomponnée, parfumée, dans une jolie robe rouge… et nous partons dans un resto sympa que j’ai repéré.

Un ...

... repas sympa, un peu de vin, beaucoup de rires : la soirée s’écoule merveilleusement. Je lui reproche d’avoir un peu trop bu… Ce à quoi elle me répond :

— On n’a quatre-vingt-dix ans qu’une seule fois !
— Ce qui est vrai, mais quand même !

En arrivant devant sa porte, elle me propose de boire une dernière liqueur. Installé sur le canapé, je la regarde s’affairer dans sa belle robe. Sa robe descend un peu au-dessous du genou, est sagement fermée au cou, un peu serrée à la ceinture. Elle ne la moule pas trop, son corps ne se prête plus depuis longtemps à ce genre de fantaisie.

Elle pose le plateau avec verre et liqueur sur la table basse et s’assoit à mes côtés. On dirait qu’elle a perdu de sa gaieté, son visage est plus grave, elle me regarde de côté.

— Vous pouvez baisser un peu la lumière ? lui dis-je.

Elle se lève et module l’éclairage halogène pour ne diffuser qu’une légère clarté.

— Vous voulez un peu de musique ? Mais peut-être n’allez-vous pas aimer ? C’est de la musique de mon temps !
— Allons-y !

Et elle met un disque de tango langoureux.

— Ça me rappelle ma jeunesse, dit-elle.

J’aime les danses de salon, mais ça, elle ne le sait pas. Je me lève, et lui prends la main…

— Que faites-vous ?
— Nous allons danser.

Et je la prends dans mes bras et la fais danser en la serrant contre moi, osant même quelques passes de tango argentin.

— Vous m’épuisez, jeune homme, me dit-elle.

Alors, je la ramène doucement sur le canapé, m’assois à côté ...