Erotisme et poésie (10) : Renée Vivien : « Chair des choses »
Datte: 13/06/2025,
Catégories:
Entre-nous,
Les femmes,
Auteur: Olga T, Source: Hds
« Nos jours sans impudeur, sans crainte ni remords,
Se déroulent, ainsi que de larges accords,
Et nous aimons, comme on aimait à Mytilène. »
(Renée Vivien « A l’heure des mains jointes »)
Dans « Histoire des libertines (54) : le saphisme au temps de la Belle Epoque », texte paru sur HDS le 30 janvier 2020, j’avais raconté la vie de Renée Vivien (1877-1909), considérée comme la plus grande poétesse du saphisme depuis Sappho. J’avais promis, en réponse à certains commentaires, de mettre en exergue dans la série « Erotisme et poésie » un poème de Renée Vivien.
LA NOUVELLE SAPPHO
Je renverrai donc à ce texte pour la biographie de Renée Vivien, ses amours et son destin tragique. Je reprendrai seulement ce passage, qui est un bon résumé de ce que représente l’œuvre de cette grande poétesse : « Renée Vivien est la grande poétesse du saphisme, la digne continuatrice de Sappho. La poésie de Renée Vivien chante les amours lesbiennes et rappelle les vers de Baudelaire et de Verlaine. Sa poésie, d'une nature autobiographique à peine voilée, suscite, comme les œuvres de Natalie Barney, un intérêt croissant ».
Renée Vivien demeure l'une des grandes icônes du génie féminin à travers les siècles. L'œuvre complète de Renée Vivien consiste en un journal intime écrit dès 1893, douze recueils de poésie, soit plus de cinq cents poèmes, deux ouvrages de traductions de poétesses grecques dont Sappho, sept volumes de prose, environ une dizaine de romans, signés sous ses ...
... différents pseudonymes ainsi que des nouvelles. À une époque où il était commun de masquer ses amours saphiques, Renée Vivien ne recula pas devant la visibilité qu’entraînaient ses écrits sans ambiguïté. Travaillant sans relâche, elle donna aux lesbiennes des poèmes où elles pourraient enfin se reconnaître. »
La poésie de Renée Vivien est à la fois envoutante, accessible et légère. L’ensemble de sa poésie est adressée aux femmes, celles qu'elle a aimées, fantasmées, pleurées. La poésie de « Sappho 1900 » est explicitement lesbienne, tant dans son inspiration formelle, la poétesse maniant parfois la strophe saphique et ayant traduit l'œuvre de Sappho, que dans ses thématiques. Nombre de ses textes invite au voyage dans une Grèce fantasmée, et l'élément marin est un des motifs dominants. Mais surtout, Renée Vivien chante librement et de manière explicite les amours lesbiennes.
Son œuvre mêle très largement l'Eros au Thanatos, et une grande mélancolie transparaît dans les poèmes, reflet de ses amours mouvementés avec Natalie Barney, Hélène de Zuylen et Kérimé, sa « sultane ». Renée sculpte le langage pour en exprimer toute la beauté, toute la richesse. Elle joue avec la lumière et le temps. Tout au long de ses poèmes, on ressent ses élans, sa douleur, ses drames.
Ce poème exalte si bien les charmes de la sensualité féminine, comme les violettes que cette chère Renée aimait tant. Elle passe d'une passion flamboyante à une tristesse sans fond. On ressent ses désirs, son désarroi, ...