Rouge
Datte: 07/05/2025,
Catégories:
fh,
caférestau,
portrait,
Auteur: Slaanesh, Source: Revebebe
... l’univers autour de moi perd toute réalité. Plus rien n’existe lorsque j’écris. Il m’arrive tout de même de relever un peu le nez pour prendre une gorgée de mon bissap, mais c’est un geste involontaire, mécanique, dont je n’ai pas vraiment conscience, perdu dans les méandres de mon esprit fuyant et de mon imagination fertile. Je sens malgré tout que cette nouvelle boisson est très rafraîchissante, peu sucrée malgré la présence de la limonade. C’est une découverte sympathique d’un point de vue gustatif. Et cette couleur rubis, éclatante, profonde, charnelle… Elle en est presque érotique et sensuelle. Elle m’évoque les lèvres d’une femme. Involontairement, cela me fait penser à ce passage d’une chanson de Michel Sardou.
Ça y est, je me suis déconcentré. Je sentais que l’inspiration s’étiolait de toute manière. Je bute sur la description de l’une des héroïnes de mon prochain récit. Ce n’est jamais facile de créer des personnages de toute pièce, de les décrire de façon précise et réaliste, sans en faire des parodies. L’auteur, ou l’autrice bien entendu, en est souvent réduit à s’inspirer de proches ou de parfaits inconnus, en fonction de la profondeur qu’il ou elle veut leur donner. Il n’y a pas de création sans souffrance, je crois bien que c’est Bernard Werber qui a écrit cela quelque part.
Cela est assez vrai, ma foi.
J’ai beau me creuser les méninges en mode forage pétrolier, me faire bouillir la cafetière, faire et refaire mentalement le tour de mes proches, de ...
... mes simples connaissances, observer les personnes attablées autour de moi à cet instant, rien n’y fait. Je ne trouve personne qui corresponde à la vision, assez floue, il est vrai, de mon personnage, tel que je l’imagine. Je tourne mon regard vers le comptoir, il n’y a aucun client attendant d’être servi, la vue est parfaitement dégagée.
Elle est en train de finir de nettoyer le tablier du comptoir et tourne la tête vers moi au moment précis où mon regard se porte sur elle, ma renversante brune tatouée au regard malicieux.
Un nouveau sourire désarmant, puis l’un de ses collègues réclame son attention et notre instant de complicité silencieuse s’évanouit aussitôt, presque douloureusement. Pour moi en tout cas.
Mais c’est une souffrance éphémère, car à ce moment-là, je me remets instantanément à noircir de nouveau les pages de mon calepin, de façon frénétique, presque sauvage désormais. Je suis envoûté, ensorcelé, possédé. Le temps n’existe plus. Une nouvelle fois, mon esprit est ailleurs, vivant les aventures de mes personnages à leur côté, tel un chroniqueur invisible.
Et elle est enfin là.
Elle a pris les traits aguicheurs et espiègles de mon enivrante serveuse au sourire ravageur. Elle est toute de rouge vêtue. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle correspond parfaitement à l’idée que je me faisais de ce personnage qui me donnait tant de fil à retordre.
Dans mon esprit enfiévré, elle est une magicienne de grand renom, luttant contre de redoutables ...