Chambre 26: carrousel céleste - Histoires de Sexe

Chambre 26: carrousel céleste

... précipitation de l’instant, provoquée par l’émotion encore émergente à la lecture de son dernier texte. Il n’y a que de mauvaises décisions lorsqu’elles sont le fruit d’émotions débordantes.

Mais je sais Vincent assez respectueux de mes émotions pour ne pas dépasser les limites que je sentirais nécessaire de fixer. Il sait que mon humeur peut changer du tout au tout, qu’une phrase peut bousculer mes défenses et que j’ai alors besoin de me retirer dans ma bulle pour me protéger.

En vrai, Vincent est peut-être le seul homme que j’accepterais à proximité de cette bulle. Un Janus capable de me pousser dans mes derniers retranchements en me décrivant telle qu’il me voit, avec une insupportable clairvoyance, mais en même temps de m’y accompagner avec légèreté.

Plutôt que de lui envoyer ma réponse à son texte cavalier, je la lui fais lire dans le restaurant où nous nous sommes donné rendez-vous ; île de la Cité.

La lecture terminée, je trouve nécessaire de préciser que la verve de ces dernières lignes était le fruit d’un récent échange, dans lequel l’intéressé s’était targué de louvoyer sur le site de rencontre, comme un prédateur à l’affût de sa proie.

— Il m’avait soi-disant choisie, comme « élue ». SON élue. Il m’avait questionnée, pour mieux parler de lui. Vanter ses exploits.

Vincent poursuit dans le registre de la provoc’ (d’un air mutin) :

— Inversement, dans le mot « dubitatif » il y a aussi « (h)atif ». La gâchette fragile caractérise plus souvent les ...

... beaux parleurs que ceux qui préfèrent ne pas parler la bouche pleine, notamment de quelque partie du corps de l’amante du moment.

Et de poursuivre :

— Ah, Célia, je regrette surtout ta froideur et ton aplomb déconcertants face au Mâle en général ; autant qu’ils me bluffent. Je suis convaincu que seul un homme « fort » (au sens cérébral du terme) réussirait à t’amadouer un jour (peut-être…). Rappelle-toi que, « derrière un mâle, il y a d’abord un être sensible ».
— Je préfère être bien que « mâle ».

C’était ignare, j’en conviens. De mauvaise foi surtout ! Mon orgueil du dernier mot gagnerait à s’abstenir plus souvent.

Revient alors à mon esprit sa démonstration détaillée au sujet du rituel animal avant la saillie. Son approche digne d’un animaliste quant à la parade nuptiale et la charge phéromonale ambiante, avant l’intensité de l’accouplement. Brutal, furtif.

Je fuis la virilité primate et animale. Celle-là même qui sert de faire-valoir, quand les mecs ne savent rien faire d’autre que de buriner jusqu’au geyser. En général, c’est expédié comme un lapin sur sa lapine. Et encore ! Quand Popol fonctionne… Sûre qu’Alain de Loin de « Tournez Ménage » s’en sortirait aussi bien !

Trop peu pour moi. C’est sans compter les grandes déclarations, qui tombent à défaut d’excuses, quand ils n’affichent pas de dédain pour la femelle qu’ils ont souillée. S’ils arrivent au bout ! Combien de fois ai-je entendu dire : « tu vas me quitter » ; « je ne te mérite pas » ; « tu es ...