1. Clorinde (8)


    Datte: 23/01/2025, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Exorium, Source: Hds

    ... pas la bonne clef. Quelle idiote ! Non, mais quelle idiote !
    
    On a cheminé ensemble, dans le couloir, jusqu’à l’ascenseur.
    
    - Encore merci pour le gel douche hier.
    
    - Oh, de rien !
    
    - Je sais pas comment on se débrouille, mais on oublie toujours un truc.
    
    Elle a voulu dire quelque chose, mais s’est ravisée, s’est mordu la lèvre.
    
    On n’a plus parlé jusqu’à ce que l’ascenseur s’immobilise, au rez-de-chaussée.
    
    Je lui ai tenu la porte qui donnait sur la rue.
    
    - Bonne journée…
    
    - Merci. À vous aussi !
    
    Sur le trottoir, elle a pris à droite. Je l’ai suivie des yeux. Jusqu’à ce qu’elle se soit fondue dans la foule.
    
    * * *
    
    Au bar, il n’y avait que deux jeunes femmes en grande conversation, tout au fond de la salle, une étudiante qui avait étalé ses cours sur la table et un ouvrier en bleu de travail qui a vidé d’un trait son verre de blanc à mon entrée et qui s’est aussitôt éclipsé. Je me suis accoudé au comptoir. J’ai commandé un café que le patron s’est empressé de me servir, tout en gardant un œil sur l’écran de télévision où une brochette d’hommes politiques débattait d’on ne savait trop quoi en se coupant sans arrêt la parole.
    
    - Ah, ceux-là ! Pour causer, ils sont forts. Mais dès qu’il s’agit de prendre des décisions, il y a plus personne.
    
    Il a abondé dans mon sens.
    
    - Ça, vous pouvez le dire ! Ce qui les intéresse, c’est d’avoir la place. Ils font des pieds et des mains pour la décrocher, mais une fois qu’ils l’ont…
    
    Clorinde a fait son ...
    ... apparition, a lancé un rapide bonjour à la cantonade et lui a réclamé une bouteille de blanc.
    
    - Du blanc ! À cette heure-ci !
    
    - C’est pour les Allemands, à la 128. Ils veulent du blanc. Sec.
    
    Il a sorti une bouteille et deux verres qu’il a déposés sur un plateau qu’elle a aussitôt emporté. Son regard lui a brièvement effleuré les fesses quand elle a poussé, du genou, la porte saloon qui s’est rabattue derrière elle.
    
    J’ai hoché la tête.
    
    - Les Allemands et le vin blanc, c’est tout un poème. J’ai passé, il y a quelques années, quinze jours de vacances au bord du lac de Côme. Il y avait là un couple d’Allemands qui squattait la terrasse. Le matin, quand on partait, ils étaient au blanc. Le midi, quand on revenait déjeuner, ils étaient encore au blanc et, le soir, quand on rentrait, ils étaient toujours au blanc. Et ça, tous les jours que le bon Dieu faisait.
    
    J’ai réclamé un autre café.
    
    - C’est fabuleux, l’Italie. Vous connaissez ?
    
    Il n’y était jamais allé, non.
    
    - Si vous avez l’occasion, n’hésitez pas ! C’est d’une beauté ! Les monuments, oui, bien sûr ! Les paysages. À se mettre à genoux devant. Et puis les femmes ! De véritables œuvres d’art, elles aussi, là-bas, les femmes. Elles ont de ces yeux, mais de ces yeux ! Des heures et des heures je passais à les regarder. Sans jamais me lasser. J’y consacrais des après-midis entières. Je m’installais sur un banc, dans un square, un livre sur les genoux, et elles allaient, elles venaient devant moi. Un vrai ...