Striptease
Datte: 15/12/2024,
Catégories:
fh,
prost,
vacances,
Voyeur / Exhib / Nudisme
rencontre,
Auteur: Amateur de Blues, Source: Revebebe
... j’ai tout abîmé, ma femme, mes enfants, ma maîtresse, tous ont souffert. Mais pour le roman de Bolaño, non. Il y a quelque chose qui m’échappe. J’ai le cœur qui s’emballe dès que je l’ouvre, mais je ne sais pas pourquoi.
— Et vous vivez en état de perpétuelle culpabilité, n’est-ce pas ? Je connais ça. Je suis une coupable, comme vous. Je ne m’étonne plus que vous fassiez des cauchemars.
— De quoi pourriez-vous être coupable, Juliette ? Je n’arrive pas à l’imaginer.
— Oh, c’est un peu différent. J’ai brisé le rêve de mes parents et j’ai même parfois l’impression d’avoir tué mon père.
— Mais, c’est la destinée normale de tous les enfants de briser le rêve de leurs parents.
— C’est un peu plus vrai pour moi. Comme vous, j’ai menti, et c’est le mensonge qui crée de la douleur. Je voulais danser. Depuis toute gamine, je ne voulais qu’une chose, c’était de devenir danseuse. Je suis fille unique et mes parents étaient de simples ouvriers. On n’avait pas beaucoup d’argent, et pourtant, ils ont toujours accepté de payer les cours de danse, classique, contemporaine, danse africaine… ils ont toujours suivi. J’étais bonne élève à l’école et ils considéraient la danse comme une récompense. Mais quand j’ai eu dix-huit ans et que je leur ai dit que je ne voulais pas faire d’études, mais monter à Paris et devenir danseuse, ils ont été très malheureux. Ils me voyaient médecin ou avocate… pas danseuse. Alors j’ai menti. Je me suis inscrite en fac et je n’y suis pas allée. J’ai inventé des ...
... résultats, des passages en licence, en master, jusqu’à ce qu’une amie de collège les rencontre et leur dise ce que je faisais vraiment. Elle ne pensait pas à mal parce qu’elle ne savait rien du mensonge. Apprendre que leur fille chérie les menait en bateau depuis des années les a profondément affectés et mon père est mort moins d’un an après. Il ne peut pas ne pas y avoir de lien.
— Je vous écoute, je vous regarde, et je ne peux pas vous déclarer coupable. Pour moi, vous êtes innocente, vous ne pouviez pas ne pas danser.
— Vous ne pouviez pas ne pas baiser.
— Si. C’est différent. Sinon, les violeurs sont absous eux aussi. On peut toujours ne pas baiser. Vous n’avez fait aucun mal à vos parents, c’était à eux de respecter vos choix.
— Si vous voulez. Mais la culpabilité est là.
— Mais elle est plus légère en vacances, non ? Si on allait boire un verre ? Vous prendrez un jus d’ananas avec une paille, et moi, un double scotch avec une olive. Qu’en dites-vous ?
— Pourquoi un jus d’ananas ?
— Pour aller avec votre bikini jaune. Venez, votre présence me rend idiot, je dis n’importe quoi.
C’était un premier jour. Ils en avaient encore neuf devant eux. Dans son lit étroit, son livre sur la table de chevet, Antoine revivait chaque instant, les moments sérieux, les fous rires, les silences. Jamais il n’avait été aussi serein, jamais il n’avait senti une telle proximité avec une personne, même avec sa femme, quand ils avaient vingt ans et qu’ils hésitaient entre la révolution ...