1. Eldria - L'Enfer Rose (1)


    Datte: 21/07/2019, Catégories: Divers, Auteur: imaginatis, Source: Xstory

    Une cinquantaine de soldats armés débarquèrent ce matin-là, pendant qu’ils dormaient tous à la ferme, et les réveillèrent en sursaut.
    
    Cela faisait maintenant près de deux ans que le pays était occupé par des troupes ennemies, et la guerre n’avait pas fini de faire rage. Par miracle, les habitants de la petite exploitation agricole de Soufflechamps avaient plus ou moins été épargnés jusque-là. Bien sûr, les hommes valides avaient tous dû partir au début de la guerre pour défendre leur patrie. Personne à la ferme ne les avait revus depuis.
    
    Tout le monde vivait avec l’espoir qu’ils continuaient de se battre quelque part, et qu’ils finiraient bien par revenir un jour. Mais la chance avait, semblait-il, décidé de tourner en ce début d’automne.
    
    Ce fut un des soldats ennemis qui, à l’aide d’un porte-voix, ordonna du milieu de la ferme :
    
    — Par ordre de l’armée d’Eriarh, sortez tous de vos maisons ! Il ne vous sera fait aucun mal si vous coopérez ! Vous pouvez prendre le temps de vous habiller !
    
    Il ne serait pas venu à l’esprit des occupants de la ferme de tenter de résister. Désarmés et largement inférieurs en nombre, ceux-ci étaient en majeur partie des femmes de tous âges, quelques vieillards infirmes, ainsi que des enfants.
    
    Moins de trois minutes plus tard, ils s’étaient tous rassemblés dans la cour de la ferme, à la lueur de l’aube. Personne n’avait osé protester. Après tout, les soldats avaient précisé qu’ils ne leurs feraient pas de mal, il aurait été ...
    ... irrationnel de résister.
    
    L’armée ennemie était rassemblée à l’entrée de la ferme, bien en rang derrière une charrette tirée par deux chevaux. Au milieu de la cour, en face d’eux, un soldat, à l’aspect important – et imposant – accompagné de deux autres de ses collègues, la main sur le fourreau, les observait.
    
    — Alignez-vous ! ordonna d’une voix forte celui qui les avait tirés du lit.
    
    Le petit groupe de civils resta figé, sans vraiment comprendre ce qui était en train de se passer.
    
    — Nous ne sommes que de simples fermiers vivant de notre nourriture, nous ne faisons de tort à personne... supplia une femme de grande taille en tête de l’attroupement.
    
    — Silence ! rétorqua le soldat avec un geste sec du bras. Alignez-vous !
    
    Tout le monde s’empressa de s’exécuter, et une ligne d’une vingtaine de personnes fut bientôt formée.
    
    — Bien.
    
    Le soldat qui donnait les ordres tendit son porte-voix à l’homme sur sa gauche et s’avança vers le rang nouvellement formé. Il se mit à le longer.
    
    — Toi, dit-il en attrapant une jeune femme aux longs cheveux blonds bouclés et en la projetant violemment vers ses deux acolytes restés en retrait.
    
    — Non ! s’écria dans un sanglot la femme à côté d’elle un instant plus tôt. Pas ma fille !
    
    — Silence ! gronda le soldat devant elle.
    
    Il lui infligea un brusque coup de poing dans le bas ventre, et la femme s’étala dans la boue en pleurant.
    
    — Maman ! Il n’y a rien à faire, on ne peut pas résister ! lança la jeune fille aux cheveux ...
«1234...8»