1. Quel gâchis!


    Datte: 04/07/2024, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: PP06, Source: Hds

    ... regard dans le vide. Il ne bouge plus.
    
    Valérie se précipite :
    
    - Antoine… Antoine, réponds-moi mon chéri, lui dit-elle affolé en le secouant.
    
    Antoine ne l’entend pas.
    
    Paniquée, elle appelle les Urgences. Dans l’ambulance qui l’emmène à l’hôpital, elle lui tient la main. Elle a du mal à retenir ses larmes en le voyant inanimé, sous perfusion.
    
    Anxieuse, elle a hâte de voir l’interne qui l’a reçu. Que lui font-ils ? Elle voudrait le voir, lui dire qu’elle regrette, qu’elle l’aime… mais tout ça, elle lui a déjà dit cent fois.
    
    Enfin voilà l’interne :
    
    - Votre mari est dans la chambre 104, vous pouvez aller le voir mais il dort.
    
    - Dites-moi, comment va-t-il ?
    
    - Il a fait un coma éthylique, il aurait pu mourir, vous avez appelé les secours à temps. Vous l’avez sauvé.
    
    - Merci mon dieu !
    
    - Je l’ai mis sous sédatif. Il va dormir au moins 24 heures.
    
    - Mais… il s’en sortira ?
    
    - Oui, à condition qu’il arrête de boire. Il avait une sacrée dose d’alcool dans le sang. On lui fait des analyses, je pense que son foie doit être dans un sale état, on en saura plus demain. Il faudra prévoir une cure de désintoxication, s’il accepte... Il y a longtemps qu’il boit ?
    
    Valérie est obligée de raconter pourquoi Antoine boit depuis quelques semaines. L’interne la regarde, la juge-t-il ? Ce n’est pas son rôle.
    
    - Je comprends. Il a fait une grosse dépression, c’est grave, il aurait pu mettre fin à ses jours. En buvant, il a essayé de se détruire. Vous savez ...
    ... madame, le chagrin fait faire de telle chose.
    
    - C’est ma faute. Que dois-je faire ?
    
    - Vous, rien. Il faudrait qu’il voit un psychiatre. Il a besoin de parler, de mettre des mots sur sa souffrance.
    
    - Je suis là moi, il peut tout me dire.
    
    - Je ne crois pas madame que vous soyez justement la bonne personne, celle auprès de qui il voudra s’épancher.
    
    - Oh !
    
    Six mois ont passé, Valérie est allée voir Antoine toutes les semaines dans le centre de désintoxication. Au début, il refusait de la voir, puis petit à petit il a accepté sa présence, aidé par les séances régulières avec le psy du centre.
    
    Enfin, il est guéri, les médecins la convoquent :
    
    - Il va beaucoup mieux, il va pouvoir sortir. Il est maintenant sevré, son addiction à l’alcool est totalement terminée. Mais attention, il est encore très fragile, il peut rechuter et avoir des pensées suicidaires. Il faudrait qu’il puisse continuer ses séances avec notre psychiatre, c’est possible en consultation privée.
    
    Le lendemain, Valérie va le chercher, pleine d’espoir. Ils se retrouvent chez eux :
    
    - Je suis heureuse que tu ailles mieux mon chéri. Tout est de ma faute. Je m’en veux, si tu savais comme je m’en veux.
    
    - …
    
    - Tu aurais pu mourir, j’ai eu si peur.
    
    Est-ce l’effet des médicaments qu’il prend encore régulièrement, Antoine est calme, très calme. Il parle d’une voix posée, sans émotion :
    
    - J’aurais mieux fait… J’aurais préféré… Mais je n’ai pas eu ce courage.
    
    - Oh ! Mon chéri, dis pas ...
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