La vie secrète de Stella
Datte: 14/05/2024,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
Auteur: PP06, Source: Hds
Stella mon amour, pourquoi es-tu partie ? Si jeune, toute une vie devant toi, notre vie, notre avenir.
Je pense à l’amour de ma vie, tandis que devant son cercueil au milieu de la petite église de notre quartier, le curé dans son homélie brosse le portrait d’une femme exceptionnelle. Le portrait de Stella, ma femme.
L’église est bondée, notre famille, nos amis, des collègues, des voisins, et quelques inconnus touchés par cette disparition soudaine.
Dix années de bonheur passent dans ma tête. Ma vie a vraiment commencé quand nous nous sommes rencontrés, ma vie d’homme. Nous étions heureux, insouciants. Peut-être un peu égoïstes dans notre bulle, c’est ça le bonheur.
Seule ombre au tableau, je voulais un enfant, Stella hésitait. Nous en avions souvent discuté. Toujours les mêmes réticences, elle était encore jeune… Nous avions le temps… Difficile de se mettre à la place d’une femme, c’est elle qui va porter notre enfant, elle qui va accoucher. Je comprenais ses peurs, peur de sa transformation physique, de ne pas retrouver son corps d’avant, peur de devenir plus mère de famille que femme. Je me devais d’attendre qu’elle soit prête, et justement depuis quelques jours, elle l’était. Elle m’avait annoncé le jour de la Saint Valentin qu’il était temps d’agrandir la famille. J’étais le plus heureux des hommes. Un calendrier à la main nous avons décidé qu’elle arrêterait la pilule juste avant les prochaines vacances. Le sort en a décidé autrement.
Sans être riches nous ...
... étions à l’aise. Nous avions acheté un petit pavillon en proche banlieue parisienne. Passant nos vacances à la mer en été et à la montagne en hiver. Sans négliger des petits week-ends en amoureux.
Son travail la passionnait, comme moi le mien. J’étais plutôt sédentaire, dans un bureau à La Défense, alors que Stella avait des déplacements en province dans les différents établissements de son entreprise. Depuis deux mois, elle allait régulièrement à Reims tous les mercredis, pour une mission qui heureusement ne devait pas durer trop longtemps.
Ce jour-là, elle partait tôt, et essayait de ne pas rentrer trop tard. Je préparais le repas du soir, pour l’accueillir. Nous finissions dans notre lit, ce que le plus souvent nous avions commencé devant la télévision.
C’est mercredi dernier que l’accident s’est produit. Il était 20 heures, un camion a déboîté au dernier moment, elle roulait un peu trop vite, pressée d’arriver chez nous. Un appel de la Gendarmerie a sonné le glas de notre bonheur.
Je suis seul maintenant. Stella, tu étais ma vie, mon avenir, que vais-je devenir sans toi ?
La voix du curé, qui résonne dans l’église, me tire de mes pensées.
A la sortie, je ne vois pas tous ces gens qui viennent me serrer la main, me faire une bise. Je ne les entends pas, les condoléances ça ne veut rien dire.
Je reconnais le patron de Stella qui très gentiment me propose de passer à son bureau prendre ses affaires personnelles. Comme tous ses collègues, il a l’air très ...