1. Erotisme et cinéma (13) : Sur la route de Madison de Clint Eastwood (1995)


    Datte: 02/05/2024, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Olga T, Source: Hds

    ... fin du film est celui d’un choix entre assumer ses responsabilités, et chercher à vivre heureux en suivant ses passions. Cela offre une fin de film très amère et extrêmement émouvante.
    
    Francesca hésite jusqu’au dernier moment à fuir avec Robert. Elle est dans sa voiture avec son mari, sous des torrents de pluie, puis passe Robert dans sa propre voiture. La main de Francesca se pose sur la portière, elle étreint la poignée, prête à sortir et à quitter son mari. À changer de vie. Mais elle ne le fait pas. Les deux véhicules se suivent brièvement, avant de prendre pour toujours des directions différentes. Ce conflit intérieur est bien celui de la femme mariée, empreinte aux hésitations, aux aspirations contradictoires. Francesca semble sacrifier sa passion alors qu’elle seule pourrait justifier son existence.
    
    Rarement a-t-on vu un film exprimer avec une telle justesse les émois d'une femme "mature" qui laisse enfin son corps respirer, se détendre, s'épanouir. Et jouir. « Sur la route de Madison » s'impose comme une histoire d'amour à l'intensité toute féministe.
    
    CE FILM ET MOI
    
    Mon côté romantique a évidemment aimé ce film, parce qu’il est une magnifique histoire d’amour. Je partage les avis des critiques élogieuses qui figurent en référence.
    
    Au-delà, ce film pose le sujet de l’adultère et celui du non-dit. On voit une femme qui s'éprend du premier venu sitôt son mari et ses enfants partis. Et qui, au final, plutôt que de vivre sa passion à fond, préfère le ...
    ... confort de sa vie habituelle. Et elle passera en plus le reste de sa vie à rêver à son éphémère amant.
    
    On connait la parabole de la première pierre. Nul n’a le droit de juger Francesca, ni pour son adultère, ni pour son choix de rester auprès de sa famille et de « faire son devoir ». L’autre point marquant est que Francesca a repris sa vie auprès de son mari comme si rien ne s’était passé, alors qu’elle n’a cessé pendant le reste de sa vie de penser à son éphémère amour, au point de laisser pour ultime volonté l’instruction de disperser ses cendres sur le pont où s’est nouée son aventure et d’y retrouver Robert. Elle a aussi laissé un journal intime, où rien n’est occulté, que vont découvrir ses enfants, au départ avec colère de la part du fils, incompréhension de la part de la fille, avant qu’ils ne finissent par accepter sinon comprendre une femme qui avait entrevu une autre vie mais avait refusé de les quitter.
    
    L’absence de transparence, ou du moins une transparence posthume, interroge. Au regard de ce que l’on comprend de la vie classique du couple « légitime », on peut imaginer qu’un aveu de la part de Francesca était un très grand risque. Elle avait renoncé à son amour avec Robert et risquait de tout perdre. Je comprends qu’elle ait préféré gardé au fond de son cœur ce lourd secret.
    
    Pour en revenir à une perception plus personnelle de ce film et de ce en quoi il m’interpelle, je mesure d’abord la situation exceptionnelle dont je bénéficie, celle d’un couple ...