1. « Matrone et Domina : Tullia, une patricienne hypersexuelle dans la Rome impériale » (30) : le Mulio»


    Datte: 29/03/2024, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Olga T, Source: Hds

    ... Rome, l’autre, les Flavii, d’une obscure famille de Sabine. Et, avec mes autres enfants, il ou elle n’aura pas besoin de vendre des mules pour assurer son train de vie !
    
    • Je ne parle pas à une putain, qui se permet de m’insulter. Sors d’ici, créature du diable ! Je regrette nos anciennes lois qui auraient su te châtier comme tu le mériterais. J’ai lu que les lois des Hébreux savent ce qu’il convient de faire avec des femmes telles que toi. Comme je comprends ton père, Marcus, qui, lorsque j’ai voulu lui parler de toi, m’a répondu qu’il n’avait plus de fille.
    
    Alors que sa vie lui semble s’effondrer, qu’elle est lâchée par l’homme qui disait l’aimer, Tullia, livide, se refuse à afficher ses larmes et sort, en digne matrone, sans un regard pour Titus, se contentant d’un « Ave, Mulio » (« Muletier, surnom donné à Vespasien par dérision, car, en difficultés financières, il s’était lancé dans l’élevage et le commerce des mules).
    
    Vespasien est blême devant l’injure :
    
    • Elle mériterait d’être fouettée ! Sa place est dans un lupanar à Suburre !
    
    ***
    
    Quelques jours après cette terrible scène, Titus va quitter Rome, en l’an 57, pour une première expérience militaire de 4 ans, en Germanie, puis en Bretagne.
    
    Titus ne revoit pas Tullia avant son départ. En guise d’adieux, il lui envoie cette épigramme de Sénèque :
    
    « Poussé par je ne sais quel mal, j’ai rompu mes pieux engagements.
    
    Mes seules forces ne sont pas capables de si graves forfaits.
    
    Celui qui m’a ...
    ... pressé de le faire et m’y a poussé avec des aiguillons ardents,
    
    c’était soit le destin soit un dieu.
    
    Pourquoi adresser aux dieux de vains reproches ? Veux-tu la vérité, Délie ?
    
    Le même amour qui m’avait donné à toi m’a aussi soustrait à toi. »
    
    Ce billet de Titus fera beaucoup pleurer Tullia. Avec notre regard, nous jugeons très sévèrement Titus, qui a abandonné celle qu’il aimait et qui porte son enfant. Nous sommes choqués par ce que nous qualifierons de lâcheté.
    
    Son amour pour Tullia était pourtant sincère, il voulait vraiment en faire son épouse et fonder une famille avec elle. Mais il n’a pas voulu en payer le prix, devant le refus intransigeant de Vespasien. Titus est en fait le produit d’une société, où domine le Pater Familias, et d’une éducation romaine traditionnelle, très stricte, qui l’amène à obéir à cette autorité absolue, à ne pas oser s’y opposer, comme Tullia avait osé le faire envers son père Marcus. Titus a sacrifié l’amour à sa carrière. Ce ne sera pas la dernière fois. C’est peut-être en pensant au traitement subi par Tullia, puis par Bérénice, que Titus, pendant son court règne, changera du tout au tout et laissera le souvenir d’un prince bienveillant, que l’historien Suétone appellera « les délices du genre humain ».
    
    Quant à Tullia, elle est meurtrie, car son amour pour Titus était, de son côté, sans calcul ni limites. Elle continuera à l’aimer. Il est et reste son homme, celui qu’elle a dans la peau. Leurs routes se croiseront à nouveau, ...