1. Claire dans le noir


    Datte: 04/02/2024, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Nemlod, Source: Hds

    13h55… J’ai garé ma voiture sur le parking du motel. Le rendez-vous est à 14h30. Je pousse la porte.
    
    - Bonjour, j’ai réservé une chambre au nom de Monsieur Dupond (on ne peut pas faire plus standard).
    
    - Oui, Monsieur, voici la clef de la 13.
    
    - Merci.
    
    Je règle la note au préposé.
    
    Arrivé dans la chambre, je dépose mon sac au pied du lit. Un grand lit.
    
    C’est bien ce que j’avais demandé.
    
    La chambre est envahie de lumière. Je tire les tentures.
    
    Noire. Il faut que la chambre soit noire. Ou presque. C’est ce qui était convenu.
    
    J’enlève mes vêtements que je dépose sur une chaise.
    
    J’entre dans la salle de bain. Sous la douche, mes gestes sont machinaux, tant je suis perdu dans mes pensées…
    
    Quelle histoire dingue. J’ai donné, ici, un rendez-vous à une fille que je n’ai jamais vue. Et que je ne dois jamais voir. Je ne la connais que pour avoir dialogué avec elle par internet..
    
    A force d’évoquer tout et rien, nous en sommes arrivés, sans trop savoir comment, à nous apprécier de plus en plus.
    
    Mais nous nous sommes jurés de ne rien faire qui puisse porter préjudice à l’autre. En dehors du « virtuel », je ne dois faire aucun pas dans sa vie, comme elle ne doit jamais entrer dans la mienne.
    
    A part cela, par écrit, tous les coups sont permis : pluie, beau temps, amitié, passions et phantasmes…
    
    Un jour, au cours d’un dialogue un peu plus rosé que d’habitude, Claire a tapé :- Je t’aime Moi, interloqué, après un blanc… - Tu as écrit « je t’aime » ...
    ... ?
    
    - Tu es fâché ?
    
    - Euh, non. Mais tu veux dire quoi par là ?
    
    - Ne t’inquiète pas, je ne veux pas te faire du mal. Je voulais te dire que je t’aime bien, mais en insistant. Je t’aime plus que bien. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un avec qui j’aime autant parler que toi. Alors, ça m’a échappé. Mais si tu veux, je ne le dirai plus.
    
    - Euh, non. Enfin, si tu veux, tu peux me le dire. Je ne suis pas fâché.
    
    - Ouf ! J’ai eu peur de ta réaction.
    
    - J’ai eu peur aussi. Mais, vu comme ça, moi aussi, je t’aime.
    
    Le virtuel est comme le réel. A force de se vivre, une amitié entre un homme et une femme bascule souvent par dessus l’étrange barrage…Depuis ce moment-là, nos échanges écrits se sont faits plus tendres et, aussi, plus frivoles.
    
    Nous parlions toujours de tout, de rien, mais nous flirtions aussi.
    
    Et nous rêvions ensemble de situations qui n’avaient d’abstrait que nos images.
    
    L’imagination seule était au pouvoir, créatrice d’un univers érotique rien qu’à nous.
    
    Deux arbres fous et nus frémissant sous des vents chauds et invisibles.
    
    D’inventions en fantasmes, nous avions construit, entre autres, un scénario délirant : nous donner rendez-vous un jour dans un hôtel banal, en décalant nos arrivées.
    
    J’arrivais le premier. Claire me suivait d’une demi-heure, pour que nous ne puissions pas nous voir. Ne pas voir l’autre, c’est la règle essentielle du jeu.
    
    Ne pas le voir mais le découvrir, nu, sous des draps anonymes, dans une chambre anonyme.
    
    Et ...
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