La lectrice
Datte: 15/12/2023,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
Auteur: Kamalstory_, Source: Hds
... bousculé. Quelques mots sur les gens qui bousculent et leurs mères sortent mezzo voce de ma bouche, il ne me vient pas à l'idée de mettre ça sur le dos de la foule, comme quoi le point de vue change selon ce qui nous arrange. Je me retrouve rapidement submergé par une masse de corps indistincts, fatras de bras, de jambes de têtes nues, casquettées ou chapeautées, de sac à dos, de mallettes, de sacs à main, d'escarpins, de tennis, de chaussures de ville au vernis souillé par la boue. Dans cette cohue je trouve in-extremis un point d'amarrage en attrapant du bout des doigts la barre métallique qui trône au milieu de l'espace central. Elle est encore chaude des mains qui l'empoignèrent avant la mienne, poisseuse et moite des différentes sueurs que les gens ont étalé dessus à force de la serrer pour ne pas tomber sur leurs voisins. Cette idée même devrait me dégoûter mais je n'y pense plus, on s'habitue, on ne fait plus gaffe à ce qui nous répugnait au début. Au moins je tomberai pas sur mes voisins.
Parlons en de ces voisins d'ailleurs, bloqué comme je suis je ne peux sortir le bouquin que je trimballe partout avec moi ni mon portable, donc ma seule occupation restante est d'analyser mes covoyageurs. Il est 8h30, heure de pointe, la plupart des gens se rendent au boulot avec le même enthousiasme que le mien, haut les cœurs camarades, après cette journée dans deux jours c'est le weekend. Je suis entouré de la faune variée de la vie parisienne, des blancs (on est chez eux quand ...
... même), des arabes, des noirs, quelques pakistanais et un mec de l'est qui ne peut écarter les bras pour faire sonner son accordéon. Bizarrement seuls des hommes m'entourent, enfin seuls des hommes plus la petite meuf dont je ne vois que l'arrière de la tête et qui a réussi à se faufiler entre la barre de fer et moi, me forçant à tendre le bras au maximum pour ne pas la lâcher. Ma3lich c'est de bonne guerre et de toute façon tu es comme nous tous ici, tu te mets où tu peux. Avec ton petit format c'est quand même plus simple pour toi de trouver un coin ou te caser. Je dis petit format mais t'es pas une gamine non plus, environ 22/23 ans je dirais.
Vu que je n'ai rien à faire et que je préfère regarder une femme que plein d'hommes, mon attention se focalise vite sur toi, je détaille ce que je peux voir de toi et le temps de quelques pensées m'imagine la raison de ta présence. Tu n'es pas grande comme je le disais, peut-être 1m55, et tu sembles donc toute menue au regard des grands échalas qui t'entourent. Mais tu rayonnes aussi parmi eux, ils sont tous, et moi également, vêtus de grands manteaux noirs ou marrons, avec des jeans bleus sombre, rien de bien très joyeux donc. Tandis que toi... toi tu as les cheveux blonds déjà, resplendissants tels un soleil au milieu de la nuit noir (quoi? Quand il y a du soleil il ne fait pas nuit? Venez pas me niquer ma métaphore svp), tels un phare attirant à lui les regards dans l'obscurité. Ta veste courte et blanche tranche avec le sombre ...