1. Chant du cygne 2


    Datte: 06/12/2023, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Briard, Source: Hds

    ... qu’elle ait vidé son cœur de pardon et ses yeux de larmes pour prononcer les rares paroles qu’il prononçait en guise de conclusion :
    
    - Un jour, tu reviendras, et je ne serai plus là.
    
    Mais il pardonnait, encore et toujours, car il savait qu’une fois son forfait achevé, ses envies d’adultère rassasiées, son amant lui devenait indifférent et qu’elle s’en désintéressait complètement.
    
    Il pardonnait, car elle était sa princesse, celle à travers qui il continuait d’exister. Celle qui lui permettait de donner le meilleur de lui-même. Celle qui l’obligeait à être un régisseur hors pair. Celle pour qui il était indispensable.
    
    A ce moment-là, donc, c’était le jeune choriste, qui avait pourtant une voix et un talent vraiment quelconque, mais des yeux à tomber par terre et un corps d’athlète.
    
    Il le savait, l’avait deviné avant même qu’elle ne le sache elle-même.
    
    Il avait vu leurs regards énamourés. Il avait vu leurs œillades complices. Il avait vu les petits gestes d’attention qu’ils avaient l’un envers l’autre.
    
    - Encore un ! S’était-il emporté un matin devant leur bol de café.
    
    - Mais pas du tout chéri. Qu’est-ce que tu vas chercher là.
    
    Il l’avait menacée d’un doigt vengeur.
    
    - Un jour, j’en aurai marre et je ferai ma valise.
    
    Elle s’était levée et était venue, derrière lui, l’entourer de ses bras en lui picorant le cou.
    
    - Tu sais bien qu’il n’y a que toi que j’aime.
    
    Le soir même, elle s’était envolée avec sa troupe, pour aller dîner, sans lui et loin ...
    ... de lui, pour, assurément, finir la soirée et passer la nuit, avec le choriste.
    
    Il avait donc soupé seul, dans cet hôtel-restaurant où ils avaient pris une suite familiale qu’il occuperait certainement seul ce soir-là.
    
    Il y avait une petite installation dans un coin de la salle, qui contenait plus de deux cents couverts, avec une sono, un pied et un micro.
    
    Il finissait son hors d’œuvre lorsqu’il vit apparaître une jeune fille frêle, pâle et tout intimidée qui demanda presque la permission de chanter aux convives alors qu’elle était sur les petites affichettes accrochées un peu partout dans la ville.
    
    Il reposa ses couverts et attendit qu’elle commence son tour de chant.
    
    Il allait lever la main pour appeler la serveuse quand la musique envahit l’espace.
    
    Quelques secondes après une introduction qu’il connaissait bien, une voix claire, veloutée, sans reflet métallique et haut perchée s’éleva faisant taire les conversations.
    
    Plus un bruit ne s’éleva pour venir perturber cette voix limpide, au timbre très agréable qui vous charmait immédiatement.
    
    Et il fut sous le charme de cette petite, de cette gamine, adolescente et encore en pleine croissance, mais qui possédait déjà une voix de soprano adulte, ronde et grasse à souhait, qui utilisait tous les résonnateurs du visage pour prendre une amplitude maximum.
    
    Cette voix était un don du ciel que cette jeune fille avait reçu à la naissance et elle n’avait sans doute pas encore pris conscience du pouvoir qu’elle ...
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