1. Faites les mots, pas l'amer


    Datte: 06/07/2019, Catégories: f, fh, extracon, inconnu, piscine, hotel, douche, amour, vengeance, contrainte, dispute, cérébral, Voyeur / Exhib / Nudisme Masturbation Oral nopéné, jeu, Humour Auteur: Olaf, Source: Revebebe

    ... Meike, et j’ai envie de faire les mots avec vous ! dit-elle posément avec un léger accent allemand.
    
    Surpris et irrité d’avoir été abordé de manière aussi cavalière, qui plus est dans un français approximatif, je me sens obligé de remettre les choses à leur place, aussi maladroitement qu’un galopin pris en faute.
    
    — Bonjour ! Si je peux me permettre, en français on ne dit pas « on m’appelle », mais « je m’appelle ». Je sais, c’est étrange, dans la mesure où on s’appelle rarement soi-même, mais c’est ainsi. On ne dit d’ailleurs pas non plus « j’ai envie de faire les mots avec vous », mais « j’ai envie de faire l’amour avec vous». En outre, je ne sais pas comment cela se passe dans votre pays, mais en France, on évite d’aborder les hommes aussi directement.
    — Meike, c’est le nom qu’on me donne, répond-elle sans se départir de son lumineux sourire. Mais, c’est comme un regard qu’on jette sur moi, sans que ce soit vraiment moi. Voilà pourquoi j’ai dit « on m’appelle Meike ».
    — Et comment vous appelez-vous, alors ?
    — Je ne sais plus trop. C’est une question très intime. C’est pour cela que j’ai envie de faire les mots avec vous. Pas l’amour, les mots, pour me remettre les idées en place.
    
    Je suis complètement abasourdi. Contrairement à ce que j’avais imaginé en entendant son accent, cette femme maîtrise parfaitement le français. Elle maîtrise aussi le discours amoureux avec une assurance peu commune. Il lui a suffi d’une phrase pour me mettre en position d’infériorité. ...
    ... Ce qui ne m’empêche pas de ressentir une intrigante montée de désir à son égard.
    
    — Pourquoi moi ?
    — Parce que depuis que je vous vois, vous ne cessez d’écrire, de triturer les mots, de les corriger, de les parfaire. Je vous ai observé, comme vous l’avez fait avec moi. Même si j’ai su être un peu plus discrète que vous… Croyez-moi, votre manière de lutter avec les textes, votre incessant désir de leur donner la forme qu’ils méritent, d’en extraire l’essence la plus pure, tout cela est fascinant. Pire, attirant, émouvant même. Depuis ce matin, je vous imagine en train de faire l’amour oralement, les mots coulant de votre bouche comme autant de baisers brûlants, pour finir par jaillir de votre gorge au moment suprême…
    — Ah, vous voulez parler de coprolalie, tenté-je d’objecter en espérant reprendre l’avantage par un terme certainement sans équivalent germanique.
    — Oh non ! pas les mots grossiers, plutôt ceux que vous avez eus ce matin pour parler d’œuf à la coque. Pendant que je vous écoutais, j’imaginais la liqueur de mon amant glissant dans ma gorge, je frissonnais à l’idée de le garder en bouche jusqu’à l’extrême limite, pour mieux profiter de son goût corsé, puis de l’avaler comme je le ferais du jaune d’œuf que vous décriviez. J’ai résisté jusqu’à maintenant, j’ai tenté d’occuper mes pensées à autre chose, de me rafraîchir dans l’eau de la piscine. C’est peine perdue, voilà pourquoi je suis venue interrompre votre travail. Mais vous êtes un homme, et je peux imaginer ...
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