Aveuglement consensuel - Histoires de Sexe

Aveuglement consensuel

... pas dit comme ça, mais c’est l’idée…
— Mais pourquoi les yeux bandés ?

Je me lance dans une explication :

— Pour décupler les sensations, mais aussi pour que tu ne saches pas qui est qui, du moins, pas tout de suite. J’ai remarqué que quand tu vois la personne, ça te bloque. Rappelle-toi au sauna : dans les jacuzzis, tu faisais ta mijaurée, mais dans lesglory holes, quand tu ne voyais pas les bonhommes, tu y allais de bon cœur.

Un peu agacée par ce rappel, Bénédicte souffle :

— Je sais… je suis comme ça, je n’y peux rien…
— De ce fait, je pense que tu franchiras plus facilement le pas, si tu as les yeux bandés.
— Peut-être, mais entre sucer et baiser, il y a une marge…

Pas faux. Je reconnais que sa première fois se passera chez un inconnu, avec un inconnu, et en plus, avec les yeux bandés, il y a de quoi baliser. Sa première fois, peut-être, rien ne dit que le feeling sera là. Cherchant à détendre l’atmosphère, je lui confie :

— Il y aura du champagne de qualité, tu aimes, il me semble.

Elle ne répond pas, elle doit sans doute se demander si elle n’est pas en train de faire une grosse bêtise en m’accompagnant chez un illustre inconnu, même si les précédents petits jeux se sont bien déroulés, bien qu’ils fussent assez corsés.

Peu après, nous arrivons à destination. Je m’engage dans une allée, puis je gare la voiture qui est maintenant à l’abri des regards de la rue. Aussitôt, mon contact vient nous ouvrir, je guide ma femme devenue aveugle jusqu’au ...

... salon, puis je la fais s’asseoir sur un canapé.

Gérard me ressemble un peu, c’est pour cette raison que je l’ai choisi. Je sais que je suis dans les goûts de ma femme, donc je ne prends pas de risque en choisissant quelqu’un de proche physiquement. Sagement assise, ma femme entend des verres tinter puis un liquide être versé. Intriguée, elle demande :

— Notre hôte ne parle pas ?
— Non, rappelle-toi que ça fait partie du jeu… Tu ne vois pas, il ne parle pas.
— Ah OK… mais pourquoi ?
— Parce que…

Bénédicte marque une courte pause, puis elle demande :

— C’est quelqu’un que je connais ? Que je pourrais reconnaître à la voix ?
— Non, c’est juste un impératif du jeu, c’est tout. C’est comme s’il n’existait pas, bien qu’il soit présent. Comprends-tu ?
— T’es tordu dans ton genre ! Enfin bref…

Ma femme semble accepter la situation. Elle boit en deux temps la coupe que je lui donne en main, puis elle se ressert. Je vois qu’elle est tentée d’ôter son bandeau, mais qu’elle se retient. Il faut dire que mes petits jeux se sont toujours bien déroulés, car j’essaye de pallier à tout, essayant de couvrir les diverses options. Je m’arrange pour que tout se passe en pleine sécurité. C’est pour cette raison que Bénédicte sait qu’elle peut me faire confiance, même si souvent, elle aurait préféré dire non.

Une fois le jeu terminé, elle avoue la plupart du temps que ce fut une agréable expérience. Pas forcément tout de suite. Parfois, il lui faut une bonne semaine pour lâcher ...