Chambre d'étudiant
Datte: 20/06/2019,
Catégories:
fh,
hplusag,
amour,
portrait,
Auteur: P.R. de Montels, Source: Revebebe
... chambre. Pour le petit déjeuner, il était convenu qu’elle pouvait utiliser la cuisine, un coin du frigo lui étant réservé pour son lait, beurre et confiture.
Les premiers temps, l’atmosphère entre Jean-Pierre et Anna fut un peu tendue, pas hostile, mais empreinte d’une certaine gêne, chacun cherchant sa place pour à la fois être à l’aise sans toutefois gêner son voisin. Les échanges de paroles étaient polis, mais relativement froids, surtout de la part de Jean-Pierre. Il était conscient que vivre l’un à côté de l’autre nécessitait un certain effort de bienveillance et de courtoisie au-delà de la simple politesse, mais un drôle de sentiment de crainte de l’inconnu l’empêchait d’aller au-delà de la simple politesse.
Au fil des jours l’atmosphère se détendit toutefois un peu, et quand Anna lui demanda si elle pouvait utiliser le piano en son absence, pour ne pas le gêner, il lui donna son accord après une petite réflexion, mais, dans son for intérieur, il souhaitait depuis un moment qu’elle le lui demandât. Pourquoi ne le lui avait-il pas proposé spontanément ? Encore une fois, il ne savait fournir une explication claire.
Il se surprit à rentrer plus tôt que prévu pour le simple plaisir d’entendre à nouveau le son de ce piano qui s’était tu si longtemps. Il se rendit compte qu’il lui avait manqué. Rentré sans faire de bruit, il se tenait dans l’embrasure de la porte, Anna lui tournant le dos. Ses oreilles se remplissaient des notes gaies de Mozart. Ses yeux mi-clos ...
... se surprirent à observer le dos droit et bien dénudé de la pianiste. La taille était fine et l’assise des fesses ferme. Un sentiment bizarre s’emparait de lui, qu’il ne pouvait réellement définir, mais qui troublait son corps de façon imprécise, mais réelle. Se ressaisissant brusquement, il quitta l’embrasure de la porte et ressortit un moment faire quelques pas dans le quartier, le temps que le trouble ressenti se disperse.
Anna, toute à sa partition, eut tout de même l’impression d’une présence derrière elle. Elle n’osa pas se retourner de suite pour vérifier, mais quand elle le fit à la fin du morceau, elle ne put que constater le vide derrière elle. Elle ne s’appesantit pas sur l’incident, n’étant pas de nature craintive ou peureuse et se dit qu’elle avait été sujette à une illusion ou que Jean-Pierre était rentré plus tôt. Mais son absence l’intrigua tout de même. Aussi, à son retour, lui demanda-t-elle s’il n’était pas passé un moment avant. Surpris, Jean-Pierre concéda qu’il était venu chercher un document avant de ressortir. Il n’osa pas avouer qu’il était resté un moment à l’écouter et l’observer. Anna se contenta de cette réponse qui la rassurait.
Les repas du soir qu’il prenait seul dans sa cuisine sans problème de sentiment d’isolement jusqu’à l’arrivée d’Anna commençaient à lui peser. Alors qu’il sentait la présence de sa locataire dans la maison, il était pris d’un sentiment de frustration et de solitude qu’il n’avait pas connu alors qu’il était le seul ...