1. Fin de partie


    Datte: 15/06/2019, Catégories: f, fh, extracon, jalousie, nonéro, mélo, Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe

    J’ai rencontré Myriam il y a environ dix ans, lors d’une prestation chez un gros client de ma société de service. C’est la première personne que j’ai croisée en arrivant ce matin-là : une grande fille plutôt mince, dont les longs cheveux bruns encadraient un visage ovale assez banal, hormis de magnifiques yeux bleus. Myriam avait – et a toujours – un sourire d’une blancheur nordique. Quand ses lèvres se retroussent, deux adorables fossettes creusent ses joues pâles.
    
    Durant ces années bénies, son visage s’illuminait dès qu’on se retrouvait chez nous. Mais ces dernières semaines, ce n’est plus vraiment l’adoration qui éclaire son regard. Et quand, saisis d’une ironie amère, ses traits s’animent, c’est pour former un rictus plus proche de la rage que de l’humour…
    
    Myriam a changé. Presque du jour au lendemain. Je n’ai pas compris ce qui est arrivé, je n’ai pas non plus réussi à le lui faire dire. Comme si, d’un claquement de doigts, tout ce qui nous liait s’était désintégré. Pour retarder les face-à-face muets, écourter les soirées hostiles, j’ai pris l’habitude de travailler de plus en plus tard, ne rentrant qu’après avoir épuisé toute raison de différer mon retour…
    
    Me glisser dans la chambre à minuit passé, me déshabiller dans la pénombre, laisser la douche noyer ma colère, ensevelir ma frustration sous ses trombes liquides, tituber un moment sous le jet, tête baissée, poings serrés, attendant l’apaisement qui ne viendra pas, ne viendra plus. Puis se sécher avant de se ...
    ... glisser entre les draps – linceuls de nos amours mortes – à quelques centimètres de son corps immobile, inaccessible et censément endormi.
    
    C’est dingue ce que deux êtres humains, par ailleurs raisonnables et équilibrés, peuvent s’infliger en silence. Deux personnes qu’une alchimie toute particulière avait unies, mais dont le bonheur déraille soudain après des années d’insouciance, pour qui la tendresse se mue en indifférence, l’indifférence en aversion…
    
    Je ne me rappelle plus de la dernière fois où nous avons fait l’amour. La seule chose dont je me souviens, c’est la meurtrissure que m’a causé son regard lorsque j’ai voulu l’approcher : un dégoût implacable, un refus catégorique. Quand on vous rejette à ce point, sans raison, et pire sans rien vouloir vous dire, il n’y a pas trente-six possibilités. J’ai très vite compris que Myriam voyait quelqu’un d’autre. Même sans être de nature jalouse ou suspicieuse, il est des évidences qu’on ne saurait ignorer…
    
    Fuyant mes demandes d’explication, méprisant mes sanglots lamentables, Myriam ne m’a pas laissé d’autre choix que de me confronter par moi-même à la réalité de sa trahison. Elle ne voulait pas vider son sac ? Il ne me restait plus qu’à fouiller sans ménagement dans sa vie, bafouer son intimité pour dévoiler au grand jour son abjection.
    
    J’ai commencé par forcer l’ordi contenant ses données personnelles. L’accès à son compte était barré d’unpassword inédit ? Obstacle bien maigre pour quelqu’un de réellement déterminé ...
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