Les Confins
Datte: 03/06/2019,
Catégories:
fh,
jeunes,
pénétratio,
fantastiqu,
initiatiq,
amourdram,
Auteur: Patrik, Source: Revebebe
... oscillent entre deux pôles antagonistes : la fureur de vaincre et la tendresse d’un amour naissant.
Un moment d’inattention et Norit se fait zébrer le bras. La douleur est cinglante, assez pour qu’il veuille se venger. Il attaque de plus belle, Liyita a du mal à contenir ses coups, elle faiblit dangereusement, elle se fait acculer de plus en plus.
— Non !
Norit s’est calmé, il essuie son front. Le moment attendu approche. Il se recule un peu, contemple la Porte qui s’est légèrement entrouverte. Liyita s’effondre à genoux, épée plantée au sol. Je me lève et je fais quelques pas vers eux. Les rouages sont en place.
Le jeune homme, haletant, m’apostrophe :
— Gardien, à… à quoi rime… tout ça ?
— Qu’en penses-tu toi-même, mon garçon ?
— Je veux cette Porte, elle est là à ma portée mais…
— Mais tu ne peux pas, n’est-ce pas ?
— Oui…
Tout est déjà dit, au moindre mot, à la moindre virgule. Je continue alors :
— Tu ne peux pas, à cause de cette fille, n’est-ce pas ?
— Oui, à cause de cette fille…
— Et toi, Liyita ?
— Je ne sais plus ! Tout ceci est trop absurde !
Toujours droit comme une stèle calendaire, Norit s’absorbe dans la contemplation de la Porte flottante, le regard au lointain, comme absent. Liyita se relève doucement. Elle saisit son épée et s’approche insensiblement de lui. Sa rage de vaincre lui est revenue. Norit est toujours absent, l’épée au bout de son bras ballant. Liyita s’avance encore et encore. Elle est très proche de lui, très ...
... proche, trop proche.
Pourquoi est-ce que je regarde cette scène alors que j’en connais déjà la suite ? C’est comme au théâtre pour une tragédie ou une comédie, vous connaissez déjà la fin, la moindre réplique, surtout si vous avez le texte devant les yeux mais pourtant, vous contemplez, vous admirez le jeu des acteurs, l’intonation des dialogues, la fougue de l’interprétation.
Tout comme moi !
Oui, tout comme moi…
Un preste mouvement, une réaction immédiate. Peu importe qui a commencé, le résultat est là : ils se sont mutuellement embrochés, les épées sanguinolentes émergent dans leur dos. Ils se fixent l’un l’autre, étonnés, stupéfaits. Ils contemplent réciproquement, les yeux dans les yeux, un sourd désir montant en eux. Ils réalisent petit à petit…
— Regardez la Porte ! dis-je, l’air navré.
La porte est grande ouverte, une douce lumière par derrière, quelque chose de suave irradie. Poitrine contre poitrine, leurs vies s’égouttant peu à peu, ils contemplent ce qui avait été leur but Ultime, toute leur courte existence.
— P…Pourquoi ? Co…comment ?
Ils tombent à genoux dans les bras l’un de l’autre, joue contre joue dans la contemplation de la Porte complètement ouverte. Je m’approche d’eux. Au passage, je saisis l’épée de l’un de ces multiples combattants qui n’ont rien compris. Rien.
— Le sang abreuve et dessine les marches, il est vrai, l’ardeur, la fureur aussi, la haine… certainement…
— Je… je ne comprends pas ! bafouille Liyita, les yeux mi-clos, ...