La secte du plaisir
Datte: 28/05/2019,
Catégories:
ff,
69,
init,
policier,
Auteur: Nicogarner, Source: Revebebe
... yeux verts ont la limpidité des lacs de haute montagne. Un physique de top-modèle qui ne se prête vraiment pas à ce métier d’homme.
Secouée violemment, Rachel s’accroche à la poignée au-dessus de la portière. Elle écarquille les yeux lorsque, parvenue au somment de la colline, la Jeep négocie lentement sa descente. Une vaste plaine s’étend à perte de vue, dont la terre jaunie et ridée semble crier sa soif, où seules quelques plantes grasses, cactus et grenadiers, semblent pouvoir survivre. Et, construite en plein milieu de cette désolation, la « ferme », ou plutôt une immense hacienda formée d’édifices séparés, en chaux blanche, avec annexes, patios, et une chapelle. Les tourelles d’un temple, au fond, pointent vers le ciel, à moitié dissimulées. Tout le périmètre est entouré d’un mur, où quelques cavaliers armés patrouillent lentement, avec une entrée permettant de contrôler les entrées et les sorties. Un complexe sécurisé qui, planté en plein milieu du désert, semble irréel, incongru.
La Jeep s’y dirige. Clara, un peu inquiète, marmonne entre ses dents :
— Une ferme, ça ? Une vraie prison, oui !
Puis, se tournant vers Claire, tient bon de préciser encore.
— Je t’avais prévenue. L’endroit est sinistre, complètement coupé du monde extérieur. Une fois là-dedans, je ne pourrai plus rien pour toi.
À plusieurs reprises, Clara avait tenté de prendre sa place, s’infiltrer dans la secte, mais Rachel n’avait rien voulu savoir, aussi bornée qu’une mule, prétextant ...
... qu’il était de son devoir de s’y rendre elle-même, l’obligation familiale d’une sœur aînée qui avait toujours été présente pour soutenir et sauver sa cadette.
— Écoute, Rachel, il est toujours temps de renoncer. Je ne peux pas te laisser t’y rendre seule, c’est de la folie. On repousse et je t’accompagne, on s’infiltre toutes les deux, on reprend tout à zéro.
— Continue.
Clara hausse les épaules. Ce n’est pas faute d’avoir essayé une dernière fois, et elle ne compte plus les occasions où elle a tout tenté pour la dissuader de commettre cette folie.
Le silence se fait pesant lorsqu’elle arrête la Jeep devant une barrière fermée. Un garde armé, chapeau de paille sur la tête pour se protéger du soleil, avance lentement, comme si chaque pas lui pesait.
— Que venez-vous faire ici ? C’est une propriété privée.
— Je suis attendue, répond Rachel en sortant du véhicule.
Elle lui tend sa convocation et sa carte d’identité. Tout en gardant les yeux rivés sur les papiers, l’homme décroche une radio de son ceinturon et se met à parler en espagnol. Il hoche la tête.
— Très bien, vous pouvez passer.
Comme elle fait mine de remonter dans la Jeep, il l’arrête d’un geste autoritaire.
— Non. À pied. Et seule.
Sans un mot, elle sort sa valise. Un dernier regard vers Clara, avec un bref sourire rassurant, et elle se dirige vers une large cour où un homme vient à sa rencontre.
Clara, en faisant marche arrière, prend son temps pour manœuvrer. Elle garde les yeux rivés ...