Stupéfaction
Datte: 03/05/2019,
Catégories:
fh,
laid(e)s,
attache,
sf,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
... arrivé quelque chose. Quelque chose qui a un lien avec les bouleversements qu’il a connu dans sa vie, il y a quelques mois.
— Mouais. Pas impossible. J’ai vu Pichon, depuis. Une fois seulement. Et dans la rue. Y m’paraissait bizarre… changé, j’veux dire.
— Il faut que vous lui parliez, Lucien.
— Quoi ! Moi ?
— Vous avez partagé la même expérience que lui. S’il reste un tout petit peu de l’ancien Francis, il se confiera à vous. C’est notre seule chance de comprendre ce qui s’est passé.
Cette idée ne plaisait pas du tout à Lucien. Églantine se rendit compte que, tout comme elle, l’ivrogne avait peur du nouveau Francis Pichon…
— Et vous ? Z’avez pas r’marqué aut’chose d’anormal, dans l’coin ? lui demanda à son tour Gatimel.
— Si. Depuis quinze jours, je ne suis plus du tout importunée par l’affreux gnome du premier.
— Qui ça ?
— Un nain. Méchant. Vicieux comme tout. Il s’appelle Félix Berthier.
— Berthier ? BERTHIER ! fit Gatimel, écarlate, s’étouffant presque.
— Vous… vous connaissez Félix Berthier ?
— Un peu, qu’je l’connais ! C’était mon voisin du dessus, avant que ma vie ne devienne ce tas de merde !
— Lucien ! On a trouvé ! s’écria Églantine, frappée par un éclair de compréhension.
— Quoi donc ?
— Le lien ! Le lien qui vous relie à Francis ! C’est Félix Berthier ! Cet affreux bonhomme est forcément impliqué dans toute cette histoire !
Gatimel devint soudain très pâle. Depuis cinq ans, il cherchait l’infâme qui lui avait volé sa vie, sa réussite ...
... débutante, l’avait poussé au seuil de la folie au point de manquer occire Flora, son ex-femme. Cinq ans sans une piste, sans même un début de courant d’air pointant dans la bonne direction. Et là, Berthier, qui réapparaissait dans le paysage, comme un lapin pris dans les phares d’une bagnole !
Tout à coup, Gatimel bondit de sa chaise et se rua vers la porte d’entrée.
— Lucien ! Où allez-vous ?
— M’en vais écraser cet avorton, l’étriper à main nue !
oooOOOooo
À quelques mois de là et dans une tout autre dimension, le vrai Francis Pichon était prostré dans son bain, les traits fatigués, une barbe de quinze jours lui mangeant le visage. Au-delà du désespoir, il avait avalé une demi-bouteille de Jack Daniel’s et s’était gavé de Rohypnol. L’eau tiède continuait de couler, atteignant à présent la limite de ses lèvres. Dans une tentative désespérée pour se fuir lui-même, il avait décidé de se laisser suffoquer. Pichon ne voulait plus être, ne voulait plus ressentir. Il ne se supportait plus dans les habits rapiécés de son ancienne personnalité.
Il toucha son crâne nu, regrettant le contact des bouclettes blondes qu’il avait appris à apprécier ces derniers mois. Avant tout cela, Pichon était un autre homme, heureux somme toute de son sort moyen, de ses petits bonheurs, de sa vie tranquille et sans histoire. Et puis c’était arrivé, comme une malédiction… En tout cas, il l’avait vécu comme ça, au début. Il lui avait fallu accepter ce changement en lui, pour l’apprivoiser, ...